Chapitre 40 - Celle qui dompte le feu

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Vendredi 30 Janvier 1998 :

« -Que s'est-il passé ? demanda Severus d'une voix angoissée, tandis qu'il me déposait doucement sur son canapé. »

J'accueillis avec bonheur les coussins moelleux dans lesquels vint s'enfoncer mon corps en proie à de vives douleurs, semblables à des piques à chaud, qui faisaient tressauter mes muscles de temps à autre. Ma gorge était pâteuse et je réussis difficilement à expliquer, d'une voix rocailleuse, qui se remettait doucement du sortilège qui l'avait atteinte :

« -Je rentrais dans mes appartements quand... quand Amycus m'a bloqué le chemin... puis sa sœur est arrivée, elle voulait juste m'entendre crier de douleur... et lui voulait avoir sa vengeance... »

Severus s'agenouilla à ma hauteur et, plongeant son regard ébène dans mes yeux, poursuivit son interrogatoire, plus soucieux que jamais :

« -Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Amycus ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ? »

Sa voix était pressante et je sentais qu'il me manquait une information cruciale pour comprendre l'état dans lequel se trouvait le sorcier à cet instant. Me redressant autant que me le permettaient mes bras flageolants, je fis taire ses inquiétudes d'un ton que je voulais rassurant mais, ma voix souffrant des dommages qu'on lui avait causés, cela ressembla plus à un coassement ridicule qu'autre chose :

« -Rien... il n'a rien eu le temps de faire. »

Il parut se détendre brusquement à cette nouvelle. Lentement, il s'assit à côté de moi et passa une main sur ma joue. Je posai ma paume sur la sienne et nos doigts s'entremêlèrent. Nos moments d'intimité se raréfiaient à mesure que l'année avançait et, j'avais beau prétendre le contraire, cela me pesait énormément. Certes, j'étais très occupée par mes responsabilités officielles et officieuses mais le manque lié à notre éloignement me faisait souffrir.

« -Qu'est-ce qui te tracasse ? murmurai-je, espérant ainsi reposer mes cordes vocales. »

Severus soupira et resserra son emprise sur ma main. La chaleur qui se dégageait de ce simple contact me fit du bien et je sentais avec soulagement mes muscles se relâcher peu à peu, ainsi que la douleur s'atténuer.

« -Amycus n'a pas dit son dernier mot, dit-il. Et il suffira d'une petite erreur, d'une stupide inattention de ta part ou de la mienne pour qu'il comprenne la vérité. Il n'est pas stupide. Et s'il l'apprend...

-S'il l'apprend, c'est une catastrophe, complétai-je sombrement. »

Severus se contenta de hocher la tête.

« -Parfois, j'ai l'impression que le monde entier repose sur nos épaules, Severus. »

Le concerné ne dit rien, méditant certainement sur ce que je venais de dire. J'avais cette impression-là, à certains moments quand je réfléchissais à notre avenir. Nous ne pouvions rien faire à notre guise sous peine de tout remettre en cause. Severus avait un rôle capital dans la guerre qui se préparait et cela m'effrayait parce qu'indéniablement, cette position le mettait en danger. Il savait lui-même qu'il risquait de ne pas survivre aux mois à venir. Je refusais de penser, ni même d'envisager une chose pareille. Non, c'était impossible. Je m'étais faite la promesse que nous sortirions tous les deux de cet enfer. Il ne pouvait en être autrement.

« -Que va-t-il se passer ? Que va-t-on faire ? »

Les questions que j'avais posées s'adressaient autant à Severus qu'à moi-même. Le dénouement était proche, il nous guettait. Mais jusque-là, qu'allions-nous faire ? Severus se releva brutalement et, me tournant le dos, dit :

« -La première chose à laquelle nous devons penser est de briser le maléfice qui nous lie, tant qu'il est encore temps. »

Je me mis en position assise, les yeux rivés sur la silhouette sombre du sorcier. Mon corps était parfois parcouru de spasmes de douleur mais ils étaient supportables pour que je puisse me mouvoir comme bon me semblait.

The Dove & The Crow [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant