Chapitre 9 - Intrusion

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Mardi 05 Janvier 1988

«-Aaaaaaaaaaaaah !»

Un cri de terreur déchira pendant une dizaines de secondes le calme relatif du château en cette journée qui tirait sur sa fin. Je sentis un long frisson me parcourir l'échine, alors que le hurlement résonnait infiniment dans mes oreilles. Ce fut le regard insistant du professeur Rogue à mes côtés qui me fit sortir de la torpeur qui m'avait prise à l'entente du cri. Je tournai la tête dans sa direction et je vis dans ses yeux la même inquiétude qui me rongeait. Pour une fois, je ne lus aucune rancoeur, ni colère dans ses pupilles, ce qui était assez rare.

Dans une synchronisation parfaite, nous nous ruâmes hors de sa salle de classe et parcourûmes les cachots, comme jamais je ne les avais parcourus. Bientôt, nous gagnâmes les escaliers menant à l'étage. Sans prendre le temps de souffler, je commençai l'ascension, Rogue me devançant de quelques mètres. Dans son empressement, les longs pans de sa cape noire dansaient dans son dos, ce qui rendait sa silhouette impressionnante. Ne m'attardant pas plus dans cette contemplation, je fis de mon mieux pour garder le rythme et quelques minutes plus tard, nous arrivâmes à l'étage supérieur, d'où provenait le cri. Peu habituée à des efforts si denses, mon corps entier criait à la trahison : mon coeur était sur le point de me lâcher, mes poumons avaient du mal à pomper l'air alentour et ma vue se troublait dangereusement. Peut-être que mon état avait aussi été influencé par l'ascenseur émotionnel auquel j'avais fait les frais : j'étais passée à une terreur totale de me faire arracher la tête par Severus Rogue et une terreur toute aussi totale de découvrir l'origine de ce cri.

Faisant fi de mes états d'âme et de corps, je suivis Rogue, qui s'élançait à droite, où Mme Pomfresh se précipitait en direction de la salle des professeurs. La salle des professeurs... un très mauvais pressentiment m'envahit. Oh Merlin, qu'était-il arrivé ? De toute part, des élèves pointaient le bout de leur nez, eux-aussi alertés par les hurlements, mais n'osant trop s'approcher, de peur de s'attirer les foudres de leurs supérieurs. Tous étaient en groupe, et murmuraient à voix basse, une expression inquiète sur le visage. D'une voix autoritaire, Mme Pomfresh, que nous avions rejointe, criait aux élèves de rester à l'écart :

«-Allez ! Circulez ! Ne restez pas là !»

Si les ordres de l'infirmière n'impressionnèrent que peu les élèves, le regard foudroyant du professeur de Potions qui me précédait fit reculer les étudiants, même les plus braves. Finalement, aucun d'entre eux n'osèrent s'approcher de la salle des professeurs, restant à l'écart dans les couloirs. Pompom se rua dans la salle qui nous était réservés et la première chose que je vis quand j'entrai à mon tour fut l'attroupement d'adultes autour de... quelque chose... quelqu'un ? Je tentai vainement de me calmer mais j'avais peur de découvrir ce qui attirait l'attention de tous les professeurs. L'infirmière écarta les professeurs pour atteindre la victime et j'eus le temps de distinguer le corps.

«-Pomona !»

Affolée à la vue de la sorcière allongée au sol, inerte, mais surtout recouverte de sang, je m'approchai d'elle, repoussant mes autres collègues sans même m'en rendre compte. Passant sans le voir à travers de Cuthbert qui émit un grondement de protestation, je tombai à genoux devant le corps de Pomona. Déjà, Pompom s'affairait du mieux qu'elle le pouvait autour de la sorcière pour bander les nombreuses plaies qui entaillaient son corps ensanglanté. Comment une telle chose avait pu arriver au sein du château ? Mais surtout, qui avait pu faire une chose pareille ? Je sentai les larmes s'accumuler dans les coins de mes yeux et ce fut à peine si je remarquai le sang qui commençait à tâcher ma robe.

Soudain, je fus violemment repoussée en arrière par une personne qui me réprimandait d'une voix sévère :

«-Dégagez de là, vous ne voyez donc pas que vous êtes inutile !»

The Dove & The Crow [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant