The Dove & The Crow [Harry Potter]

Chapitre 30 - Frappé par la foudre

Mercredi 2 Juillet 1997 :

Je reculai d'un pas, les paroles de Kingsley ayant eu sur moi l'effet d'un coup de poing asséné en plein ventre. Je passai en revue l'ensemble des membres installés autour de la table, comme pour m'assurer qu'il ne s'agissait en réalité que d'une vaste blague. Ça ne pouvait être que ça. Pourtant, la plupart de mes partenaires avait baissé leur regard penaud sur le sol, Molly sanglotait silencieusement dans les bras d'Arthur et Remus paraissait tellement dévasté qu'il fixait hasardeusement un point en face de lui, Tonks lui tenant fermement une main en soutien. Alastor me sondait toujours du regard, cherchant à percer la moindre émotion qui aurait l'audace de parcourir mes pupilles. Je clignai plusieurs fois des yeux, incapable d'encaisser la vérité.

Le visage calme et souriant d'Albus Dumbledore s'imposa alors dans mon esprit. Certes, il avait maintenant atteint un âge avancé mais, en réalité, je n'avais jamais songé au fait qu'un jour ou l'autre, il pouvait disparaître. Il me paraissait immortel. Son visage disparut au profit de celui de Voldemort qui remerciait Severus pour le service qui lui avait rendu. Je secouai la tête, pour chasser cette terrible image de ma tête.

«-Non ! m'écriai-je. Non, c'est impossible. C'est impossible.»

Je revoyais Severus refermer la porte entre nous, en me suppliant de partir. Il me l'aurait dit si c'était le cas, non ? Il ne pouvait pas l'avoir tué, c'était inimaginable. La voix sèche de Kingsley me ramena brutalement à la réalité :

«-Difficile à croire, n'est-ce pas ? Ce fils de pute nous a bien eu ! Agent-double, et puis quoi encore ? Dumbledore lui faisait confiance, alors qu'il n'était qu'un lâche, une ordure, un connard ! Mais comment pouvait-il en être autrement ? Il a tué James, il a tué Lily, il a tué Sirius et voilà qu'il en termine avec Dumbledore ! Si un jour je croise sa route, je promets que plus jamais il ne verra la lumière du jour, que Merlin en soit témoin !»

Je fis encore plusieurs pas en arrière, choquée par ses paroles remplies de rage. Je sentis les larmes perler au coin de mes yeux. C'en était trop pour moi, mon corps ne pouvait pas encaisser tant d'horreurs... j'allais défaillir d'un moment à l'autre.

Pourtant, je me raccrochai à l'idée que Kingsley se trompait. Comment ses paroles pouvaient-elles être exactes ? Ça n'avait aucun sens... aucun... néanmoins... je n'en étais plus aussi sûre. Un doute germa en moi, accompagné d'une profonde détresse qui me tordit le ventre.

«-C'est impossible, répétai-je encore.»

Kingsley voulut répliquer mais Remus intervint, d'une voix calme mais rongée par la la tristesse - c'était une voix brisée par la vie, par les malheurs ; une voix qui, somme tout, résumait parfaitement l'enchaînement de misères qu'était la vie du lycanthrope depuis son enfance :

«-C'est la vérité, Elladora. Il y avait des témoins, Harry l'a vu. Et on a tous vu son corps. Dumbledore a été tué en haut de la Tour d'Astronomie, pendant que Poudlard était attaqué par les Mangemorts. Il a été tué de la baguette de Rogue.»

Sa voix se brisa. Pour lui aussi, c'en était trop - un trop-plein de malheurs qui le consumait, le brisait. Tonks passa un bras autour de ses épaules et l'attira contre elle. Malgré moi, j'imaginai la scène : Severus face à Dumbledore, en haut de la plus vertigineuse tour du château. Severus levant sa baguette. Un éclair vert. Dumbledore qui chutait. Je pressai mes paupières devant mes yeux pour effacer cette horrible scène de mes rétines.

«-Tu le savais ?»

La question d'Alastor m'obligea à ouvrir les yeux. Il s'était approché de moi, à la hauteur de Kingsley et me toisa d'un regard intrangisant.

«-Tu savais qu'il prévoyait de le tuer ?»

Je mis un certain moment avant de comprendre la portée de ses paroles : il pensait que j'étais de mèche avec Severus. D'un geste précipité et terrifié, je secouai la tête en signe de négation. J'aurais voulu me défendre, mais les mots restaient bloqués dans ma gorge.