Chapitre 27 - Lord Voldemort

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Date inconnue :

Je fus brutalement ramenée à la réalité par une vive douleur qui irradiait mon corps et m'arracha un grognement rauque, à peine perceptible. J'ouvris les yeux mais ne vis rien, rien d'autre qu'une immensité noire qui s'étendait de tout côté. Sentant la panique naître au creux de mon ventre, je battis plusieurs fois des paupières, sans que rien ne change ; pourtant, je sentais une surface dure sous mon corps. J'en déduisis que j'étais située dans un lieu plongé dans une obscurité la plus totale. À nouveau, je clignai plusieurs fois des yeux, espérant que des formes et des couleurs émergent dans mon champ de vision, mais rien n'apparut. Aucun bruit ne venait perturber mes oreilles non plus, si ce n'était celui causé par ma propre respiration et un autre que je mis plusieurs minutes à identifier : un « floc-floc » régulier, sûrement dû à des gouttes d'eau s'écrasant lourdement sur le sol. Je voulus bouger, mais la douleur me cloua au sol et, cette fois-ci, je pressai fermement mes lèvres afin qu'aucun cri n'en sorte. Incapable de me mouvoir, ni de voir quoi que ce soit, je tâchai alors de me remémorer des derniers instants de lucidité que j'avais eu avant de sombrer. Pendant un instant, rien ; puis, quelques images confuses ; et enfin, tout s'assembla : j'avais été secourue par le groupe de résistants français alors que la maison d'Ether Bloomsbury était en proie aux flammes mais il ne s'agissait en réalité que d'un piège qui s'était refermé sur moi. Et désormais, j'étais certainement enfermée dans un cachot - attendant une mort certaine. Je fus parcourue par un élan de détresse : étais-je à Azkaban ? Je tendis l'oreille mais impossible de discerner ne serait-ce qu'une trace de vie autre que la mienne.

Ignorant ma douleur, je me redressai sur les coudes, puis en position assise. Le sol était froid sous mes fesses. Une odeur âcre de renfermé se dégageait de la supposée cellule dans laquelle je me trouvais ; je fronçai le nez avant de me résoudre à respirer par la bouche, tant l'odeur était désagréable.

Soudain, j'entendis un bruissement étouffé à ma droite. Tournant hasardeusement la tête vers l'endroit d'où provenait ce bruit, je fus encore confrontée par un univers de ténèbres. Je bloquai ma respiration, afin de me concentrer sur le bruit que j'avais cru entendre, le cœur battant. Le bruissement était toujours présent - faible, mais présent ; on aurait dit comme le bruit qui se dégageait des vêtements quand on bougeait. À tâtons, je m'avançai vers ma droite, une main tendue en avant pour éviter de me prendre un obstacle. Ce fut d'ailleurs ce qui m'arriva quelques mètres à peine après. Ma paume rencontra une surface humide et dure - un mur, sans doute. Approchant lentement mon oreille, j'essayai de savoir si le bruit provenait de derrière la paroi et j'en eus la confirmation lorsqu'une voix rauque, à peine perceptible, retentit :

«-... quelqu'un ? Quel... qu'un ?»

La personne qui avait parlé semblait peiner à aligner plus de deux mots à la suite. Je ne dis rien, la gorge sèche, terrifiée par la profonde détresse perceptible dans cette voix. Un long frisson fit vibrer ma colonne vertébrale, tandis que je me recroquevillai sur moi-même, le dos contre le mur.

«-Que... quelqu'un ?»

Malgré les quelques centimètres - vingt, peut-être un peu plus - qui nous séparait, je pouvais facilement discerner la fatigue et la folie ronger cette voix, cette personne - dont le sexe n'était pas identifiable juste à son écoute.

Au bord de la crise de panique, je fermai les yeux pour empêcher mes larmes de couler ; néanmoins, un sanglot m'échappa. Mon glapissement résonna un instant contre les parois humides qui m'entouraient, avant de mourir.

«-Qui que ce soit... qu'importe la raison pour laquelle vous êtes là...»

Comme si soudainement, le prisonnier derrière le mur fut gagné de lucidité, il se mit à parler, avec un débit de paroles plutôt élevées :

The Dove & The Crow [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant