Chapitre 24 - Brillants, Ténébreux, Spirituels

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Dimanche 20 Octobre 1996 :

Dès lors que le sortilège fut prononcé, la baguette s'enfuit des mains du Mangemort, sous ses yeux éberlués. Il y eut un instant de silence, avant que celui qui s'était présenté à moi sous le nom de Jonathan fasse volte-face. Je profitai de sa déconcentration pour me mettre debout et pointer ma baguette sur lui. Mes yeux se posèrent sur la silhouette qui était apparue dans l'encadrement de la porte et qui, à cet instant, avait une baguette braquée sur le torse du Mangemort et une autre - celle qui avait été expulsée quelques secondes plus tôt - dans son autre main.

C'était une femme, d'un âge avancé à en croire son visage ridé ou ses yeux quasiment translucides. Elle paraissait frêle mais une grande puissance émanait d'elle. Elle portait des vêtements de sorcier, dont le style semblait tout droit sorti du siècle dernier. Rien qu'en la voyant, je pouvais affirmer qu'il s'agissait d'une sorcière extrêmement talentueuse, sans que je sache vraiment comment je savais cela. Autre chose, son visage m'était familier.

Passé le moment de surprise, s'ensuivit une panique générale qui gagna l'ensemble des moldus témoins de la scène : ils se mirent à crier, courir dans tous les sens, plonger sous les tables pour se cacher. Je vis même le barman s'emparer du téléphone, certainement pour appeler la police. Profitant de la tumulte, le Mangemort fit un pas en direction de la vieille femme, peu impressionné par sa carure. Il voulut faire un pas de plus mais, soudain, un vif éclat de lumière éblouit la pièce et je fus contrainte de fermer les yeux. Les cris de panique s'estompèrent, en même temps que tout autre bruit de mouvement. Le temps sembla s'être comme figé. Quand tout se calma, la vive lumière disparut et j'ouvris les paupières, avec prudence. Le spectacle qui s'offra à moi me cloua sur place : si j'étais pleinement consciente et debout au milieu de la pièce, ce n'était pas le cas des autres personnes autour de moi. Les moldus, ainsi que le Mangemort, étaient allongés au sol et paraissaient dormir profondément. Seule la vieille femme et moi-même n'étions pas dans cette situation. Je levai les yeux sur elle et la sorcière baissa sa baguette, avant de la ranger dans les pans de sa robe. Puis, elle me sourit. J'ouvris la bouche pour parler mais un cri strident me stoppa dans mon élan. Je me tournai vers l'endroit d'où venait le bruit et aperçut le minuscule Botruc contourner les corps jonchant le sol pour courir dans ma direction. Par réflexe, je m'agenouillai et le petit animal sauta dans mes paumes ouvertes. Ainsi perché, il se dressa sur ses pattes et me fusilla du regard, tout en continuant de crier. Je compris qu'il me réprimandait vis-à-vis de mon comportement inconscient de toute à l'heure. Partagée entre l'amusement et la honte, je murmurai, espérant faire taire la créature :

«-Je suis désolée. Je te dois une fière chandelle.»

Le Botruc cessa de crier, me dévisagea un moment avant de venir loger dans sur mon épaule.

«-Je ne savais pas que les Botrucs domestiqués existaient.»

La voix qui avait prononcé ces mots était calme, douce - l'on aurait jamais soupçonné qu'elle appartenait à une femme qui paraissait avoir bien plus que l'espérance moyenne de vie. Le Botruc désormais perché sur moi, je me relevai et fis face à la mystérieuse femme qui venait tout juste de me sauver la vie.

«-Les Botrucs sont des créatures très timides, poursuivit-elle paisiblement. Mais celui-ci a l'air plutôt sûr de lui. Comment s'appelle-t-il ?»

Je restai un moment silencieuse, n'ayant aucune idée de la réponse. Je lançai un coup d'œil en direction de l'animal, qui me dévisageait avec un regard curieux.

«-Marlow, dis-je sur un coup de tête. Il s'appelle Marlow.»

Le Botruc émit un petit cri, tout en hochant vigoureusement sa tête. Visiblement, il appréciait son nouveau prénom. La vieille femme rigola.

The Dove & The Crow [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant