Lundi 5 Janvier 1998 :
J'eus juste le temps de voir un projectile foncer sur moi et, par un heureux réflexe, je l'évitai in extremis. Le morceau d'armure en métal vint s'écraser sur le sol et une silhouette apparut sur le seuil de la porte.
« -Peeves ! m'écriai-je, à la fois soulagée et horrifiée de voir l'esprit frappeur ici. »
Soulagée, car je redoutai par-dessus tout que ce fut les Carrow. Terrifiée, car l'esprit frappeur n'était pas connu pour sa discrétion et, d'ici quelques secondes, l'intégralité du château serait certainement mis au courant de notre activité clandestine.
« -Ahah ! s'exclama le concerné d'une voix ricaneuse. Je savais que vous vous cachiez là-dedans ! »
Il leva ses bras translucides en l'air, pour exprimer son enthousiasme, et laissa échapper un ricanement qui, à ma plus grande terreur, résonna longuement dans le couloir. Je jetai un regard de tout côté, craignant de voir apparaître à tout moment les Carrow. Eux qui étaient à l'affût du moindre élément qui perturbait le régime totalitaire qu'ils avaient mis en place depuis le début de l'année scolaire, ils n'allaient pas mettre longtemps avant de détecter le boucan que créait Peeves.
« -Peeves, je t'en prie... commençai-je sans grande conviction.
-Qu'est-ce que vous fabriquez ici ? me coupa-t-il. Hihihihi quelque chose me dit que ce n'est pas très très très légal ! Oooooouh la méchante professeure qui entraîne ses élèves dans l'illégalité ! »
Il repartit dans un grand rire et je fermai les yeux pour tâcher de calmer la panique qui me gagnait. Visiblement, ce n'était pas mieux du côté des étudiants qui, horrifiés, tentaient par tous les moyens de faire taire l'esprit frappeur. Mais aucun mot, ni ordre, ni sortilège qu'il esquivait aisément ne parvenait à le rendre silencieux. Il riait aux éclats, se dandinait devant nous, s'amusait à se rendre invisible puis réapparaître quelques secondes après... puis, d'un coup, redevint sérieux. Sa grande bouche imita grossièrement une grimace de concentration extrême et, pendant un bref moment, nous fûmes épargnés de sa voix criarde.
« -Mmmmmh, grogna-t-il. Comment vais-je faire pour répandre la nouvelle ? Via le Baron Sanglant ? D'ici quelques heures, tous les Serpentards seront au courant de l'existence de votre petite secte et en bons toutous, ils accourreront dans les jupons de Rogue... Non, non, pas assez drôle. Ou alors j'attends le banquet et j'entre dans la Grande Salle en hurlant la vérité ! Bien plus hilarant ! Ou bien... oh ! J'ai trouvé ! »
Il tournoya un moment sur lui-même en rigolant, pris son chapeau farfelu entre ses mains, nous salua et dit :
« -Je vous laisse, je dois préparer le coup du siècle ! »
Alors que l'esprit commençait à s'éloigner, mon cerveau se mit à chercher frénétiquement un moyen d'éviter que Peeves commette l'irréparable. Je tentai le tout pour le tout.
M'avançant dans le couloir et haussant la voix, je criai :
« -Préparer le coup du siècle, vraiment ? C'est plutôt amusant, nous étions de notre côté en train de faire de même. Je me demande quelle farce sera la plus convaincante. Tu veux lancer les paris, Peeves ? »
A mon plus grand soulagement, le concerné ralentit sa course et finit par s'immobiliser au milieu du couloir. Je profitai de l'instant de désarroi de l'esprit pour lancer un sortilège d'Assourdissement que Severus m'avait appris, afin que le reste de notre discussion ne soit pas entendue, le tout en priant pour que personne n'ait eu la brillante idée de venir se promener au septième étage ce soir, sans quoi nous étions fichus.
J'inspirai un bon coup et affichai une expression de défi sur mon visage. Je devais jouer le rôle à fond, sinon je n'avais aucune chance de convaincre Peeves. Les étudiants, sentant que l'instant était crucial, ne bronchaient plus et attendaient tout comme moi que l'esprit frappeur réagisse à mes propos. Mon cœur cognait sourdement contre ma poitrine.
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The Dove & The Crow [Harry Potter]
Fanfiction"On m'a dit de vous prévenir que le seul moyen de vaincre sera d'unir le corbeau et la colombe." ••• Deux sorciers talentueux, à la fois si semblables et opposés. Deux destins liés, pour le meilleur comme pour le pire. Deux magies entremêlées, dont...