Le Voyeur

18-

Je me trouvais assis sur mon lit, avec l'impression abominable d'être passé sous un train.

Comme si je sortais d'un cauchemar, je me sentais embrouillé, ensommeillé, perturbé mais surtout incapable de bouger.

Jimin dormait encore à côté de moi, il semblait faire nuit et quand je jetai un regard à mon réveil, ce dernier affichait quatre heures et trente-sept minutes.

Depuis combien de temps est-ce que je dormais ? Quel jour on était ?

On m'avait changé, je portais mon pyjama, ma peluche était toujours près de moi.

Je bougeai sans réussir à faire un mouvement comme si mon corps ne répondait pas à tous les ordres de mon cerveau. J'avais la bouche pâteuse et je me sentais presque fiévreux. Je connaissais cette sensation malgré tout et ce goût dans ma bouche.

J'essayai de bouger, de faire au moins un mouvement mais soudain Jimin se redressa, son visage fit face au mien et il lâcha un soupir de soulagement. Ses yeux étaient un peu gonflés par le sommeil et il avait des cernes.

Il agrippa mes épaules pour me serrer contre lui et telle une poupée de chiffon je ne parvins pas à avoir une seule réaction. J'avais l'impression d'être tellement loin de cet endroit, comme si mon corps était présent mais mon esprit égaré.

— Tae.

Sa voix était un bruissement dans le silence. J'ouvris la bouche pour répondre. Mon dieu que j'avais soif.

— Attends.

Il se tourna vers la table de chevet et me donna un verre d'eau, mais voyant que je n'arrivais pas à lever correctement le bras il me le mit directement dans la main. La sensation du liquide me fit du bien et sembla me reconnecter un peu avec la réalité.

— Tu as trop abusé des anxiolytiques.

Sa voix était toujours un murmure, mais plus incisif, plus sévère cette fois. Néanmoins c'est avec douceur qu'il me reprit le verre et m'aida à me rallonger, en se recouchant à côté de moi, je distinguais à peine les contours de son visage dans le noir.

— Tae, tu es avec moi ?

—Oui...

Ma voix enrouée et cassée me fit faire une grimace.

— Tu te souviens ou pas encore ?

— Je ... pas...

— Écoute-moi bien, d'accord ?

Il remonta la couverture, me remettant dans une chaleur rassurante et me fixa longtemps avant de parler. Je fixai sa bouche comme pour lire sur ses lèvres, incapable de comprendre comment ça pouvait bouger aussi vite et distinctement alors que je n'arrivais même pas à déglutir.

— On a été à une soirée, celle de la pré-rentrée.

Ah oui.

— Tout le monde avait pas mal bu et il y a eu un incident entre toi et Jungkook.

Je clignai des yeux et Jimin souffla :

— Taehyung, écoute-moi bien.

Quand il utilisait mon nom complet ce n'était jamais une bonne chose.

— Je n'ai pas vu ce qui s'est passé, je ne t'ai pas vu partir. Je n'ai pas entendu mon portable sonner durant la soirée quand tu as essayé de m'appeler, je suis désolé. C'est le lendemain que Jungkook m'a contacté, je crois qu'il avait décuvé et il m'a dit qu'il ne t'avait pas vu dans ton appartement mais que ce dernier était sens dessus dessous. Il était inquiet.