Le malaise.
Voilà à quoi se résumait le fond de ma pensée en ce lundi matin. J'étais là, installé dans l'amphithéâtre pour un cours d'oncologie. À ma droite Kim Seokjin, mon hyung, au teint pâle, aux cernes visibles, ne m'avait qu'à peine décroché un « bonjour » quelques minutes plus tôt. À ma gauche, Tête Rouge, aka Bambam, était arrivé il y a quelques secondes mais n'avait, lui non plus, pas décroché un mot et contrairement à d'habitude, restait silencieux. Et puis il y avait moi, complètement compressé par cette atmosphère angoissante, qui ne savait absolument pas quoi faire.
Je me raclai la gorge, suppliant presque mentalement le Dr Kwon d'arriver pour faire son cours. Qu'est-ce que j'étais censé faire ? J'avais envie que tout le monde se comporte comme avant, mais malheureusement cette soirée chez mon voisin d'en face s'était non seulement terminée en désastre mais surtout avait tout changé.
Tout.
Je tournai la tête vers Bambam qui avait l'air d'éviter mon regard depuis son arrivée. Je ne comprenais pas trop sa réaction. Est-ce qu'il se sentait aussi démuni que moi d'être dans l'incapacité de faire quelque chose ? Où était-ce le fait d'avoir vu cette mise en scène par Yoongi, qui l'avait déçu ? Parce qu'un garçon embrassait un autre garçon ? Serait-il aussi fermé que ça ? Non, ce serait illogique parce qu'il appréciait Jimin hyung tout en étant conscient de sa sexualité...
Je fermai les yeux.
Un début de migraine commençait et je me triturai les doigts sous la table. Bon dieu mais qu'est-ce que j'étais censé faire dans cette situation ?
Je tournai la tête vers Jin hyung dont la mine était si fermée et si sévère qu'il m'effraya un peu. Là, je sentais notre écart d'âge et ce tempérament si éloigné de sa douceur habituelle.
Il m'inquiétait.
Et c'était bien là tout le problème, je m'inquiétais, pour lui. Pour quelqu'un d'autre que ma famille ou mon meilleur ami. C'était bien là une prise de conscience de la place qu'il avait pour moi sans que j'en aie vraiment été conscient jusqu'alors.
Tout avait changé.
Peut-être surtout moi, en fait.
Bon, allez... quand fallait y aller, fallait y aller.
— Hyung, tu...
Mais le Dr Kwon rentra à cet instant et mon plan tomba à l'eau. Maladroitement, je me mordis la lèvre et attrapai mon crayon pour prendre des notes.
Au déjeuner, Bambam nous quitta sans préambule, balbutiant qu'il devait manger avec d'autres personnes et sans même pouvoir discuter avec lui, il partit en trombe. Je restai donc seul avec Jin hyung dont la mine ne s'était pas détendue du tout depuis ce matin, soit quatre heures auparavant. Il fallait dire qu'on sortait de trois heures de cours de médecine générale avec Mr Do, ça n'aidait pas non plus.
— Hyung ?
— Hum.
— On... on va manger ?
— Bah oui, lâcha-t-il avec dédain.
Ok, donc, je n'étais clairement pas aidé.
Pitié que quelqu'un me vienne en aide.
Dans la file d'attente pour le réfectoire, je triturai encore mes doigts avant de commencer à balbutier :
— Hyung, tu sais... à propos de...
— Non. Taehyung. Je sais ce que tu vas me demander mais je ne veux pas en parler.
— Comment tu sais que j'allais parler de ça ? M'étonnai-je.
— Tu n'es pas très discret...
VOUS LISEZ
Le Voyeur
FanfictionIl y avait moi et ma vie ennuyante et il y avait lui, le voisin d'en face. Il y avait nous dans nos deux appartements faits à l'identique comme le reflet d'un miroir. Il ne me connaissait pas moi je savais tout de son quotidien. J'avais besoin de v...