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Le dos droit, les cuisses serrées, mains sur les genoux qui tapotaient nerveusement sans s'arrêter, assis à l'une des tables au Starbucks, j'attendais.

J'attendais depuis longtemps.

Impatiemment, je fixais avec appréhension l'entrée du café et la rue derrière les vitres pour tenter d'apercevoir le visage de mon meilleur ami, en vain.

Le doute s'insinuait au fur et à mesure des secondes.

D'abord ça avait été une faible inquiétude en constatant un retard de quelques minutes, complètement chassé par mon bon sens et des excuses abstraites que je lui attribuais, à savoir : il avait dû manger tard et ça l'avait mis en retard, il était dans les embouteillages, et ainsi de suite...

Puis le bon sens et la relativité compte tenu d'un léger retard, disparaissaient au fur et à mesure que l'aiguille poursuivait sa route sur le cadran de ma montre.

Bientôt l'inquiétude empira et ne trouvant plus d'excuses à donner, je restais là, impatient et incertain.

Devais-je m'en aller ou continuer d'attendre ?

Mon cappuccino était froid maintenant sur la table et je me triturais les doigts alors que mes jambes s'agitaient nerveusement. Je baissai la tête en me mordillant la lèvre.

Je ne voulais pas croire que Jimin me posait un lapin.

Ni même encore qu'il n'avait même pas daigné m'envoyer de message pour m'informer de son retard.

Je m'accrochais à cette idée que s'il ne m'avait pas prévenu, alors c'est qu'il allait venir.

Si d'ici vingt minutes il n'arrivait pas, je m'en irais.

Mais j'avais déjà dit ça, les vingt dernières minutes...

Peut-être que je devais directement aller le chercher à son dortoir, le confronter à notre discussion ?

Je ne savais pas et mes doigts s'enfoncèrent dans mes genoux. Pourquoi ça me prenait la tête comme ça ?

Soudain le raclement d'une chaise me fit relever les yeux, mon cœur tambourina de soulagement avant de s'arrêter aussi rapidement.

— On peut emprunter la chaise, s'il vous plait ? me demanda le voisin de gauche alors qu'un groupe entier investissait les fauteuils près de ma table.

— Oui... oui, bien sûr, balbutiai-je.

Était-ce de la pitié que cet inconnu avait dans les yeux en me voyant ainsi seul à cette table trop grande pour moi ?

— Non, elle est déjà attribuée, merci.

Ma tête pivota soudainement dans la direction de cette voix et Jimin rattrapa le dossier du fauteuil pour le remettre devant moi.

Un sourire ne put s'empêcher de s'étirer sur mes lèvres et il ne me donna qu'un coup d'œil rapide, agacé.

Il semblait sortir de la douche et il avait dû s'habiller en vitesse, ses mèches noires étaient trempées et sa tenue mal mise.

Il croisa les jambes, la mâchoire serrée et je repris le tapotement nerveux de mes doigts sur mes genoux.

Jimin n'avait pas l'air, du tout, ouvert à la discussion.

Il y eut un silence avant que je ne balbutie :

— Tu veux... boire quelque chose ? Je vais commander un autre truc.

— J'sais pas t'en as pour longtemps ? rétorqua-t-il sèchement.

Ma bouche s'ouvrit et je la refermai :

Le VoyeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant