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Je me sentais mourir.

Mourir de stress.

Le jour J était arrivé et j'étais là, assis sur cette chaise dans cette salle de conférence beaucoup trop immense pour ma personne.

Mon souffle se montrait chaotique et la transpiration de mon corps déréglée. J'avais froid, j'avais chaud, j'avais mal au ventre. Mon cœur subissait des palpitations et ma gorge était comme étranglée.

J'avais l'impression que mon corps conspirait contre moi car tandis que j'essayais de m'auto-calmer, il ne faisait que trembler davantage sur le siège.

Devant moi, il y avait un écran d'ordinateur de grande taille relié à une ribambelle de fils. Une page internet était ouverte et la webcam dernier cri était braquée dans ma direction.

J'attendais cet appel vidéo depuis dix minutes déjà et je croyais mourir à petit feu.

J'avais la gorge sèche et j'avais eu le malheur de boire la petite bouteille d'eau disposée à côté de moi. À présent je serrais les cuisses avec une forte envie d'uriner. Une terrible torture alors que je ne pouvais même pas me lever, ni me rendre aux toilettes.

J'attendais, j'attendais encore.

J'avais l'impression d'imploser tant les secondes duraient une éternité. Mes doigts pianotaient nerveusement sur mon carnet de note et je ne cessais de fermer les yeux et de respirer par la bouche.

L'heure indiquée par l'horloge accrochée au mur de la salle affichait vingt et une heures passées.

Mes recruteurs appelaient des États-Unis et je me demandais quelle heure il devait être là-bas, avec le décalage horaire.

Mes doigts étaient glacés et je répétais diverses phrases en anglais pour me rassurer sur mon accent et ma capacité à tenir un échange vidéo dans cette langue.

Je savais que je jouais ma vie, ma carrière en cet instant, et vu l'état de mon corps je ne pouvais que le ressentir.

Mon portable était en silencieux et je ne voulais pas le sortir pour voir si on m'avait envoyé des messages. Je n'osais pas le faire, trouvant cela déplacé dans ce contexte professionnel.

J'attendais ceux de Jimin qui ne venaient pas. Se souvenait-il de la soirée ? De ce qu'il m'avait dit ?

N'empêche que ça me restait dans un coin de la tête.

Je devais faire quelque chose pour lui. Je ne l'avais jamais vu aller aussi mal depuis que je le connaissais.

Ces quatre derniers jours m'avaient permis de me sentir rassuré et soutenu par Jungkook et ça m'avait fait du bien. Nous étions maladroits et je savais qu'il me cachait sa déception et son angoisse autour de cet entretien que j'allais passer dans quelques secondes. Néanmoins, j'avais besoin de le voir être avec moi, de l'entendre me soutenir. Je n'aurais pas pu supporter, au fur et à mesure que le stress avait augmenté ces dernières journées, de le sentir à l'écart de moi, éloigné, dans le rejet comme il avait pu l'être.

C'était égoïste, j'en étais conscient. Comme si je lui demandais de renier ce qu'il éprouvait pour jouer un rôle factice destiné à me rassurer. Il s'y pliait plutôt bien et sans se plaindre alors je me noyais dans un certain déni, prêt à avaler la vérité que j'avais préfabriquée.

Yeri faisait la gueule à Sehun, et ce depuis quatre jours. Elle était restée dans mon appartement et semblait commencer à prendre un peu trop l'habitude de traverser notre ruelle d'écart pour s'incruster dans le logement de Jungkook.

Bien sûr, nous étions contents de l'accueillir et encore plus heureux lorsqu'elle prenait le temps de cuisiner.

Mais je m'inquiétais de voir cette situation traîner.

Le VoyeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant