Yeri se rassit confortablement pour la troisième fois, croisant ses jambes puis ses bras, puis encore ses jambes.
Comme si elle n'arrivait pas à trouver une position confortable.
Je la regardais faire en fronçant un peu les sourcils devant son manège. Nous étions près de la machine à café, dans une salle d'attente vide de l'hôpital, assis sur les chaises en plastique devant la baie vitrée sale donnant une vue sur le parking.
— Oui, à ce niveau-là, clairement quelque chose ne va pas, finit-elle par prononcer après que je lui aie expliqué la situation.
— Clairement quelque chose ne va pas avec ton visage, lui répondis-je. Tu as vu les cernes que tu as ?
Elle leva les yeux au ciel avant de me faire un mouvement de main comme pour me dire de passer à autre chose.
Mais c'était difficile car je ne voyais que ça. Assise en face de moi, elle avait l'air épuisée. À peine maquillée, la fatigue mangeait ses traits, rendant son visage plus pâle qu'habituellement.
— Ne t'inquiète pas, ce n'est rien d'aussi grave que ce que tu viens de me dire.
— J'ai le droit de m'inquiéter, non ? tentai-je, tu as l'air exténuée.
— On sort beaucoup, éluda-t-elle, et Park Jimin commence à me courir sur le haricot.
Mais au moment où j'allais rebondir elle me coupa :
— Mais on n'a pas beaucoup de temps de pause, alors on s'occupera de ça à un autre moment. D'abord, laisse-moi décrypter la situation : « mère de Jeon Jungkook ».
Tiens, elle aimait bien mettre les noms de famille devant les prénoms aujourd'hui. Elle devait donc être agacée par quelque chose.
Je me surpris moi-même à penser à ça, comme si c'était évident alors que jusqu'alors, je ne m'en étais pas réellement rendu compte avant de le formuler dans mon esprit.
— On a rendez-vous ce soir pour le dîner, expliquai-je. Jungkook n'a pas dormi de la nuit. Il est complètement stressé, je ne l'avais jamais vu comme ça. Et puis...
J'inspirai par le nez avant d'avouer difficilement :
— Il me rejette un peu, je n'ai pas réussi à l'embrasser depuis deux jours. Il m'évite et il s'éloigne de tout contact avec moi.
— Pas étonnant.
Je la fixai en haussant les sourcils :
— Comment ça, pas étonnant ?
— Dans l'état actuel des choses, il n'arrive pas à gérer ses émotions. Peut-être qu'il craint que s'il t'embrasse ça ne le rende encore plus coupable aux yeux de sa mère ?
Ah. C'était peut-être ça.
Ça me paraissait plausible maintenant qu'elle le disait.
— Quand son père l'a rejeté il n'a pas réagi aussi excessivement, précisai-je. Je sais qu'il regrette de l'avoir dit à sa mère comme ça, mais si elle nous invite à dîner, n'est-ce pas positif ?
— Oui et non. Il y a une différence entre tolérer et accepter.
Je soupirai bruyamment :
— Oui, je sais. Mais je n'arrive pas à le calmer là-dessus. D'habitude j'y parviens mais là non.
— Tant que cette histoire avec sa mère ne sera pas résolue, insista Yeri, tu n'y arriveras pas. Jungkook traverse une grosse crise existentielle et l'enjeu derrière est énorme.

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Le Voyeur
أدب الهواةIl y avait moi et ma vie ennuyante et il y avait lui, le voisin d'en face. Il y avait nous dans nos deux appartements faits à l'identique comme le reflet d'un miroir. Il ne me connaissait pas moi je savais tout de son quotidien. J'avais besoin de v...