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 La journée avait défilé à une vitesse phénoménale.

Au final nous étions complètement et littéralement claqués.

Jimin n'avait pas dormi et moi à peine et nous faisions peine à voir.

Ma grand-mère avait semblé avoir tout compris mais elle n'avait rien dit. Elle avait seulement assuré à mon grand-père, qui nous trouvait un peu « mollassons », que nous étions en repos et que nous n'avions pas la force de l'aider à cause de nos études et de la fatigue accumulée. Au final, mon grand-père avait grogné tout seul dans son coin, comme quoi la nouvelle génération n'était pas très vaillante et il était parti vendre sa volaille et ses légumes au marché, tout seul.

De ce fait, on avait pu somnoler deux petites heures avant le déjeuner.

Ensuite, il avait fallu qu'on marche jusqu'à chez le voisin le plus proche à cinq kilomètres pour que leur fils nous emmène en ville. J'avais donc dû faire la conversation dans la voiture avec l'homme d'un certain âge qui s'extasiait devant mon parcours alors qu'il m'avait connu à la ferme étant tout petit.

Une fois à Daegu, on avait marché jusqu'au terrain de baseball. Là-bas, on avait été surpris par le monde. Alors certes, tous les gradins n'étaient pas pleins, mais beaucoup de personnes étaient quand même présentes pour voir le match.

Jimin souffla une phrase qui rendit mon anxiété plus importante encore :

— Ils deviennent vraiment populaires pour une équipe qui vient de nulle part, on dirait même qu'il y a des journalistes locaux.

Je repensai soudainement à la phrase de Yeri en m'installant sur un des gradins « Rends-toi à l'évidence, même s'ils ne gagnent pas Jungkook sera recruté. » et je me sentis à deux doigts de pleurer.

Décidément cette nuit ne m'avait pas réussi. Je me sentais beaucoup trop à fleur de peau. Je n'imaginais même pas l'état de Jimin.

— Tu vas lui dire quand, à Jungkook, que tu es là ? demanda-t-il en me tendant une canette de coca achetée au marchand ambulant entre les rangées.

— Je ne sais pas... Je pense que ça risque de le déconcentrer si je lui annonce maintenant, mais si je lui dis après...

— S'ils perdent il ne va jamais vouloir te voir.

Oui, là était le point noir de ma « surprise ».

Je connaissais trop bien Jungkook. Vexé, il n'arriverait pas à contrôler ses expressions. Sa hantise était que je puisse le voir échouer.

— Envoie-lui un message maintenant, m'incita Jimin en buvant mon coca.

Je finis par abdiquer, il restait encore une bonne demi-heure avant le début du match, du coup je lui annonçai simplement, par message, que je me trouvais dans les tribunes pour mater ses cuisses.

Enfin, pas que ses cuisses, entendons-nous bien, mais ce message avait pour but de le faire réagir, et j'espérais, le faire sourire.

Sa réponse ne tarda pas :

« Non ?! Tu es vraiment là ? Je ne te crois pas ! »

Je fis un selfie avec Jimin avec les sièges derrière nous en arrière-plan pour lui montrer qu'on se trouvait bien dans le public.

Mon téléphone sonna soudainement dès la réception de la photo et un sourire barra mon visage alors que je décrochais.

« Sans déconner, hyung. Tu es venu ? Tu es là. Vraiment là ? » s'enthousiasma-t-il.

— Oui, il paraît qu'ils ont un joueur carrément canon, dans l'équipe de Séoul, très doué en plus, je suis venu l'admirer.

J'entendis Jungkook glousser.

Le VoyeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant