Jimin était reparti le dimanche en fin d'après-midi, je l'avais accompagné à la gare. On avait passé la journée à parler en traînant dans mon appartement, jusqu'à son départ. On était fatigués, étant rentrés tard la veille, mais j'étais content.
Content qu'il soit venu. Il m'avait parlé un peu de ses histoires de cœur, rien de fameux depuis des mois et son appréhension des auditions de danse.
Il travaillait dur, je le savais, je le sentais, il était perfectionniste. Il avait perdu du poids depuis la dernière fois que je l'avais vu. J'étais sûr qu'il travaillait plus que nécessaire mais je n'avais pas fait de remarques là-dessus. Moi aussi j'étais un mordu du boulot, au point de m'enfermer et ne pas sortir de chez moi, et il ne m'avait jamais rien dit.
Dans la journée je n'avais pas regardé une seule fois l'appartement du voisin d'en face. J'avais compris alors, que j'avais besoin de Jimin dans ma vie, on avait évoqué le fait de faire une colocation s'il venait habiter sur Séoul et l'idée m'avait presque plu.
Peut-être que s'il était là, cette perversion qui faisait tache dans mon existence, s'en irait.
Mais après son départ, en rentrant dans mon appartement vide, je m'étais senti seul et bêtement j'avais levé les yeux vers le salon d'en face.
Il y avait encore une fille mais celle-là, elle jouait aux jeux vidéo avec lui. Elle ne venait pas si souvent.
Elle n'était pas comme les autres, elle est bien trop petite par rapport à son standard, elle avait les cheveux en coupe champignon, elle paraissait adorable de loin. Elle gesticulait tout le temps et lui tapait dessus régulièrement. Elle ne venait pas souvent mais il n'était pas du tout pareil quand elle était là. Ça semblait être son amie.
Je fermai les yeux, je jurais alors que je tirai le rideau en prenant une grande inspiration, il fallait que je révise.
J'allais en finir.
De tout ça, du stalk, du voyeurisme, mais pourtant une habitude ancrée peinait à être oubliée.
Néanmoins j'eus l'impression de me soigner au fur et à mesure des jours. Même Jin hyung, dix jours après ma décision, remarqua que mon rythme était un poil déréglé, il s'en était même inquiété, me demandant si j'étais malade.
Est-ce que j'étais si prévisible que ça, avant ?
Je pensais qu'au fur et à mesure ça allait s'estomper, j'étais sur la bonne voie. Vraiment. Je commençais à moins regarder, à me calmer, à fermer mes rideaux plus souvent.
Vraiment.
Et puis il y avait eu ce soir-là, où tout d'un coup ma vie avait pris un virage à cent quatre-vingt-dix degrés.
*******
Ce jour-là, j'avais révisé vraiment tard.
Notre professeur de médecine générale, Mr Do, un tyran des temps modernes, avait demandé un dossier complet sur les maladies neurodégénératives remplies de schémas, d'explications et d'articles récents internationaux. La classe avait été entièrement recalée lorsqu'il avait distribué les copies et nous avions obtenu un jour de plus pour recommencer ces « immondices » comme il les avait appelées.
J'étais donc frustré, en colère et profondément stressé à l'idée d'écoper d'un autre C, crayonné en rouge presque avec sarcasme sur ma copie.
Certes, la classe entière n'avait pas obtenu plus qu'un C mais moi ma bourse et cet appartement étaient en jeu.
Je ne pouvais obtenir en-dessous d'un B.
Il devait être donc près de trois heures du matin quand je m'étais étiré, la tête dans un étau, et que je m'étais levé dans mon sombre appartement seulement éclairé par ma lampe de bureau sur le bar, pour me servir un verre d'eau.
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Le Voyeur
FanfictionIl y avait moi et ma vie ennuyante et il y avait lui, le voisin d'en face. Il y avait nous dans nos deux appartements faits à l'identique comme le reflet d'un miroir. Il ne me connaissait pas moi je savais tout de son quotidien. J'avais besoin de v...