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J'étais une personne affreusement normale.

Même carrément ennuyante. C'était là le constat de ma vie et jamais, de toute mon existence, je ne pensais à en être réduit à autre chose.

Mais là, ma situation frôlait la catastrophe.

Pourtant, j'avais bon à peu près partout, rien de perceptible dans ma personnalité ou dans mon comportement ne pouvait expliquer ce défaut dégradant. J'avais vingt-deux ans, toutes mes dents, j'étais en deuxième année à l'université de Séoul, la plus grande université de Corée du Sud. J'étudiais la médecine, je voulais devenir pédiatre.

Jusque-là, tout allait bien.

Jusque-là.

Ma vie était rodée, banalisée, organisée sans aucune rature, sans le moindre pli, sans la moindre vague. Et le pire c'est que j'aimais avoir cette vie-là.

Je me fichais de ma vie d'étudiant, des amitiés, des soirées et de tout le reste. Et pourtant, j'étais à présent confronté à l'évidence : quelque chose ne tournait pas rond chez moi.

Pas rond du tout même.

Si je devais vous expliquer la situation, je commencerais par vous parler de ma fac. Car si tout ce merdier dans lequel je me trouvais à présent jusqu'au cou avait un début, c'était bien par ce bout-là que ça avait commencé.

L'université de Séoul était un complexe énormissime, une sorte de mini ville étudiante composée de plusieurs départements : Médecine, Droit, Musique, Art et Sport. Il y avait pas moins de cinq mille étudiants, de tout âge, toute horizon, toutes nationalités quoique majoritairement coréennes, japonaises ou chinoises. Entre ces murs était formé le meilleur de la jeunesse coréenne, les futurs grands chirurgiens, les grands artistes, les grands sportifs et les grands PDG, entre autres.

Je n'avais pas pour vocation de finir grand pédiatre un jour mais j'étais tout de même assez fier d'avoir été pris dans cette école. Je venais de la province, de la campagne même. J'avais vécu à Busan un moment puis on avait migré vers Daegu après mes années de collège. Mes grands-parents étaient agriculteurs. Je voulais devenir pédiatre et la nature avait fait que j'avais de bonnes capacités à l'école. Si bonnes qu'un de mes professeurs de lycée m'avait poussé à les travailler plutôt qu'à me reposer sur mes lauriers. J'avais fait partie des cinq meilleurs élèves au classement national lors des examens de ma dernière année de lycée.

Cette victoire était devenue une chance quand on m'avait proposé une bourse pour l'université de Séoul. Mais là encore, une bonne étoile avait dû veiller sur moi car le jour de mon examen de fin de lycée, j'avais fini numéro un. Meilleur score de toute la Corée du sud, cette année-là. La bourse avait non seulement été importante, mais on me permettait de rentrer à l'université de Séoul dans le département de mon choix. Mais surtout, on m'avait offert un logement.

Comme je vous l'ai dit, l'université étant énorme, la plupart des étudiants vivent dans les cités universitaires aux alentours du complexe, des dortoirs minuscules. Mais pour les étudiants « méritants » selon le conseil universitaire, ils offraient un véritable appartement. J'avais été classé « étudiant méritant ». J'avais obtenu l'appartement.

Trente-cinq mètres carrés, meublé, confortable. Le chauffage en hiver et la climatisation en été, une chambre, un salon avec cuisine, une salle de bain. Du grand luxe, pour moi.

Jusque-là tout allait bien.

Jusque-là.

L'année dernière, j'étais arrivé à Séoul pour commencer ma première année d'université, le rythme était atrocement difficile, effarant même, mais mes notes s'étaient maintenues à un bon niveau.

J'avais donc pu garder l'appartement cette année encore, car oui, la valeur « méritante » de nos bourses n'étant pas acquise jusqu'à la fin de notre scolarité mais remise en jeu chaque année après chaque examen. C'est ainsi que j'étais devenu Kim Taehyung, vingt-deux ans, étudiant en médecine et il n'y avait rien d'autre à ajouter. Après tout, j'avais peu de loisirs, je jouais parfois du saxophone mais ça se faisait rare maintenant. Je ne sortais pas, je n'avais pas vraiment de contacts, peu d'amis. J'avais seulement Jimin, un ami de collège avec qui j'avais gardé de bons contacts et Seokjin, mon hyung de médecine, de trois ans mon aîné. Je ne m'intéressais pas à grand-chose et ça me convenait de rester loin des aléas de la vie des gens de mon âge. De toute façon je m'étais toujours senti en décalage. Fils unique, je contactais peu ma famille mais ils étaient toujours fiers de moi.

C'était tout, du moins jusqu'à un problème majeur, un problème venant d'une seule et unique personne : Mon voisin.

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Mon appartement se situant à deux stations de bus de l'entrée sud de l'université, il me fallait en général quinze minutes pour m'y rendre. J'habitais dans un quartier calme, sans problème, avec un petit supermarché au coin de la rue et quelques commerces bien pratiques.

Mon appartement possédait deux grandes baies vitrées, une dans le salon et une dans la chambre. La vue de mon petit balcon donnait sur l'immeuble d'en face façonné exactement de la même manière. Je n'étais ni trop près ni trop loin.

Nos deux logements semblaient être le reflet d'un miroir.

J'avais donc un nouveau voisin d'en face.

Il était arrivé cette année. Je ne le connaissais pas, ni son nom, ni son âge ni dans quel département de l'université il se trouvait. Je ne savais rien de son identité. Et je m'en fichais.

Par contre je savais tout de son quotidien.



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Informations ( 04/10/20) : Cette histoire a été entièrement relue et corrigée par shiki-yuki-mura et par Hesuchia, que je remercie très sincèrement. 

L'histoire a donc subit un grand ménage pour supprimer les fautes et les coquilles.

C'est pour cela que des commentaires sur le côté peuvent avoir disparus, il ne faudra donc pas être surpris. Les modifications  des chapitres entraînent le retrait des commentaires de l'histoire à droite.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture à vous~

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Le VoyeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant