Je les entends entrer, mais je ne bouge pas. Je suis KO, et j'en veux à la terre entière, alors il vaut mieux que je la ferme et que je fasse le mort pour l'instant au risque de vraiment péter un câble, sinon. Je reconnais Eldridge à sa démarche tranquille et volontaire, et sa stagiaire qui le suit à la trace comme un poussin, dont le pas est plus léger et sautillant. Soudain, un voile tombe sur mes paupières douloureuses - elle a éteint les néons... c'est gentil, mais il en faudra un peu plus pour me convaincre qu'elle n'est pas comme tous les autres.
Eldridge pose à côté de moi un verre d'eau et un cachet - je me laisse encore quelques secondes de répit, avant de me décider à le prendre. Le verre d'eau me fait du bien, et je n'ai plus qu'à attendre que le cachet fasse effet. Mais bon, je suis tellement accoutumé aux anti-douleurs que je n'ai pas beaucoup d'espoir. Eldridge revient finalement pour faire le bilan de mon état – il commence par mon corps biologique, s'assure qu'aucun mauvais coup n'a fait de gros dégât. Pas de traumatisme crânien, aucune fêlure, ma pommette a pris cher mais ce ne sera qu'un œil au beurre noir, le cartilage de mon nez a pris un pet mais rien de méchant, quand à ma lèvre, le doc se contente d'essuyer le sang et de désinfecter, en m'assurant que ce n'est pas grand chose.
Il m'ausculte avec méthode et efficacité - mais je ne peux pas m'empêcher de comparer la rudesse pragmatique d'Eldridge avec la douceur dont avait fait preuve la jeune femme la dernière fois. Pas qu'Eldridge soit un gros bourrin, loin de là... mais il fait ce qu'il a à faire, sans se poser de questions. Il sait très bien quand il fait mal, quand il appuie un peu fort, quand il serre un peu trop une vis ou autre... mais il préfère toujours titiller un peu mon système nerveux et faire son travail de manière irréprochable, plutôt que tenter de me ménager un peu et risquer le moindre faux pas.
On passe au check up mécanique - docile, je lève le menton pour que l'étudiante puisse vérifier que ma plaque est correctement en place, puis elle passe à mon bras, tendis qu'Eldridge s'occupe de l'autre. J'enlève mon sweat-shirt pour qu'il puisse contrôler les plaques pectorales, puis je me retourne pour qu'il accède à l'exosquelette de ma colonne. Il commence par les cervicales... et j'échappe un grognement - la douleur m'a fait sursauter, et Eldridge stop immédiatement son inspection.
- Je m'en doutais... les tissus entre la colonne vertébrale et les implants en titane ont été un peu mis à mal. Je vais vous injecter des nanobots pour que ça guérisse plus vite. Vous allez avoir la nuque un peu raide pendant quelques jours, mais ça devrait vite se résorber, m'explique le médecin de sa voix tranquille.
Je l'entends bouger sur le tabouret, et l'instant d'après, je sens l'aiguille passer sous ma peau. Même si j'y suis habitué, ça n'a rien d'agréable - mais je ne bouge pas, et l'injection est rapide et sans accroc. Je sens le liquide chaud commencer à travailler sous ma peau - ça me gratte déjà... c'est chiant. L'auscultation se termine sans encombre - lorsqu'Eldridge m'annonce que je peux me rhabiller, je me relève sans un regard pour l'étudiante. Mais alors que je suis sur le point de passer au vestaire, je me fige sur place, avant de me retourner vers le médecin. Je viens de me rendre compte... que je n'ai plus mal à la tête.
- Vous avez remarqué, relève le médecin en souriant, l'air plutôt fier de lui. Une nouvelle molécule développée par les labos. J'ai reçu l'autorisation de vous la transmettre pas plus tard qu'hier. On va pouvoir adapter votre traitement, et régler, pour un moment, votre problème d'accoutumance. Mais interdiction d'en abuser ! me sermonne gentiment le doc en souriant.
... Ouah. C'est carrément la bonne nouvelle du jour !
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Heart's Mechanic - Saison 2
RomanceLes jours se suivent et ne se ressemblent pas sur la base militaire New-Yorkaise des United States of the World. Les rapports entre Caliane Barns et le commandant Steinberg se dégradent progressivement depuis que le militaire a rabroué l'étudiante u...