Heart's Mechanic - Saison 2

1 - LEONHARD

Assis dans le coin le plus reculé du wagon, les yeux baissés, j'essaie de me faire oublier malgré mon imposante carcasse pour ne pas attirer l'attention sur moi. Je déteste le métro. Je déteste voir les yeux des gens s'écarquiller en croisant mon regard. Leurs pupille se dilater légèrement de peur. Leur regard balayer ma silhouette emmitouflée, cherchant à savoir ce qui est encore fait de chair et ce qui est de métal. J'ai beau porter des gants, une écharpe remontée sur le nez, et un bonnet... je ne peux rien faire pour dissimuler mes yeux, et porter des lunettes de soleil à cette saison serait juste encore plus suspect.

Pour l'instant, personne ne m'a vraiment remarqué. Des mèches blondes dépassent de mon bonnet et caressent mes pommettes, dissimulant en partie la peau de mon cou atrocement brulée. Nauséeux, je me suis mis dans le sens de la marche, et j'espère que mon frugal petit déjeuné va rester bien sagement où il est, même si l'angoisse me tort l'estomac.

Je n'ai aucune nouvelle de la stagiaire d'Eldridge depuis des semaines. Celui-ci avait abreuvé mon Intercom de messages vocaux m'expliquant sa façon de penser, et m'interdisant de « bouleverser encore une fois sa stagiaire de cette manière, sous peine de sérieuses représailles ». La bonne blague. De toute façon, je n'avais pas eu besoin de revenir à la base jusqu'à présent. J'avais pu reprendre en paix mes très saines activités quotidiennes - à savoir fumer et boire jusqu'à être ivre mort.

Sauf que j'ai reçu un message d'Eldridge hier soir, qui m'annonçait que j'étais convoqué officiellement à la base, sans toutefois me préciser pourquoi. Sauf qu'en fait... je n'ai vu le message que ce matin, en me réveillant d'un classique cocktail whisky/somnifères. Résultat des courses, je suis en retard et pas très très frais, mais j'ai quand même pris le temps de passer à la douche, de me raser, bref, de me rendre à peu près présentable avant de passer mon uniforme, puisqu'il s'agit d'une convocation officielle.

Je manque de me rendormir dans le métro, mais heureusement, je me réveille en sursaut à la station juste avant mon arrêt. Je monte les marches quatre à quatre, et je file le plus vite possible au bureau d'Eldridge. Il n'est pas seul, bien sûr - sa maudite stagiaire est là, ainsi que Ross, et... mon supérieur hiérarchique.

- Colonel Jonson, saluais-je avec respect.

- Commandant Steinberg, me salue t-il en retour, repos. Je suppose que vous devez vous demander pourquoi vous êtes convoqué, après... tout ce temps. Je laisse au docteur Eldridge les explications, dit-il en se retournant vers le médecin.

Je sais pas pourquoi, mais je sens immédiatement le coup foireux. Pour que Jonson s'en remettre à Eldridge... c'est clairement que ça ne va pas me plaire. Qu'est-ce qu'il ont inventé pour me pourrir l'existence encore ?...