87 - CALIANE

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Il sursaute à mon arrivée. J'aurai cru qu'il m'avait entendu pourtant. Il devait vraiment être loin dans ses pensées. Lorsqu'il croise mon regard, il détourne les yeux. Ça... me fait mal au cœur de le voir comme cela. Ça n'est pas le fier soldat casse-pied qui m'a tenu tête dans le bureau avec une arrogance taquine. Je ne fais pas de commentaire et m'installe près de lui. Il fait grave méga affreusement trop froid mais je ne compte pas le laisser. Lui aussi doit avoir froid de toute façon, il va falloir que je le convainque de rentrer rapidement.

Je sens son regard perdu sur moi. Il me connaît pourtant maintenant. Je ne fais pas ce qu'on attend de moi. Enfin rarement. Lorsqu'il prend un de mes roulés sans se faire prier mon regard s'illumine. Il les a aimé ! C'est sûr maintenant ! Ou alors il veut me faire plaisir ? Non c'est pas le genre à manger des trucs qu'il n'aime pas pour faire plaisir. Donc il aime mes roulés ! Je suis trop contente mes recherches ont payé ! Et mon père va enfin pouvoir manger des trucs moins ratés ! Par contre il va sûrement s'en manger de la cannelle le temps que je trouve d'autres recettes que les roulés. Pauvre de lui. Je ris en l'entendant.

- Mes théories sont toujours hyper intéressantes c'est juste que les gens les trouvent trop farfelues. Quel manque de créativité de leur part. Enfin c'est leur perte.

Je lui fais un clin d'œil.

- Ross n'est pas une vraie psy si elle ne sait pas que la nourriture est la réponse de l'univers. Vous

avez déjà vérifié ses diplômes ?

Je demande sur un ton super sérieux mais avec un regard rempli d'amusement. Ross est une très bonne psy même si je ne suis pas prête à l'écouter pour le moment. Le silence qui s'en suit est plus confortable que d'habitude entre nous. mais je ne sais pas rester silencieuse. J'apprécie qu'il tente de diriger la fumée loin de moi. Ses cigarettes franchement.

Je lâche la dernière information que j'ai lu, et il me lance un regard interloqué avant de finir par laisser échapper un petit rire. Je lui lance un regard faussement suspicieux.

- « Fascinant je me moque de vous Miss Barns » ou « fascinant Miss Barns vous venez de m'apprendre une chose qui change toute ma conception de la vie » ?...

Tant que j'arrive à lui arracher un sourire et qu'il me chambre, ça me va. C'est qu'il ne va pas si mal que cela. Sauf que je reviens vite sur terre et sur mon appréciation de il ne va pas si mal que cela. Parce que clairement s'il s'excuse... Je lui lance un regard en coin et note qu'il ne me regarde pas. Je fais la moue et lui donne un tout petit coup d'épaule, je ne voudrais pas me faire mal sur ses greffes, je veux juste le bousculer un petit peu pour attirer son attention.

- Il ne faut pas vous excuser pour tout. Et pour... la hum... L'araignée. Je... comprends le côté comique de la situation. Vous n'êtes pas le premier à vous moquer de moi et à prendre votre temps pour la faire partir. Si ça n'était pas moi, je serai probablement la première à en rire, je réponds malicieusement même si ça me demande beaucoup de faire cela et d'en reparler.

C'est un sujet sensible pour moi.

- Je travaille dessus avec mon psy, il voudrait que je dédramatise mais... j'ai de gros progrès à faire. Rationnellement je me doute que la petite bête ne mange pas la grosse, même si certaines sont très venimeuses, je sais qu'elles sont utiles, je sais qu'elles n'y sont pour rien si j'ai cette réaction. Et je ne vais pas mentir je vous en ai grave voulu de prendre votre temps... Mais ma peur est loin d'être rationnelle. C'est... très pénible.

Je ne veux pas qu'il croit que je me moque de ses excuses, c'est loin d'être le cas, alors je me dépêche d'ajouter :

- Mais, c'est vraiment... gentil ? de vous excuser. Je ne sais pas si c'est le mot juste mais j'apprécie...Vraiment.

Je lui fais un sourire sincèrement reconnaissant.avant de faire la moue.

- Juste... Si on pouvait ne plus évoquer cela pour la journée. J'en ai trop parlé je ne veux plus la revoir dans ma tête.

Je frissonne en la revoyant. Brrrr elle était bien moche quand même ! Je remonte mes jambes vers moi et je les entoure de mes bras, posant le menton dessus regardant devant moi. Finalement... Je crois que je suis bonne pour présenter aussi des excuses.

- Le docteur Ross a attiré mon attention sur... ce qui a potentiellement pu vous mettre en boule. Et je m'en veux parce que je ne voulais vraiment pas vous faire... Faire une sorte de parallélisme... avec elle. Je suis désolée. Même si je ne le maîtrise pas, je ne voulais vraiment pas. Comme vous avez pu le constater maintes fois, j'ai tendance à ne pas réfléchir plus loin que le bout de mon nez quand je parle. Mon filtre cerveau-bouche ne fonctionne pas vraiment.

Je lâche un petit rire d'auto-dérision. Ca faisait longtemps tient que je m'étais pas excusée pour ça... Mais j'ai abandonnée l'idée de rentrer dans le moule. Je tourne la tête vers lui posant ma tempe contre mes genoux.

- Je trouve... Qu'on s'excuse un peu trop l'un envers l'autre. Ce sont nos psy qui doivent être contents.

Je lui fais un clin d'œil espérant alléger la situation. Je suis épuisée par cette journée forte en émotion. Pour me donner un peu de force je reprends un roulé et lui retend la boite. Ça ne lui ferait pas de mal de prendre un peu de poids mais je doute qu'il en remange. Enfin un c'est déjà bien.

Je fouille mes poches et je sors une cigarette. Je la mets entre mes lèves avant de faire la moue tâtant mes poches. Je n'ai pas mon briquet. Mes poches ne ferment pas il a dû tomber dans mon casier.

- Briquet ? je demande en agitant un peu ma cigarette que j'ai reprise entre mes doigts.

Heart's Mechanic - Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant