41 - LEONHARD

60 5 0
                                    

En voyant l'étudiante se rengorger sous les compliments du médecin, je ne peux retenir un léger sourire - j'avoue, elle est marrante quand même. Elle la ramène sans arrêt, mais au final, elle est comme tous les cadets qui me pendaient aux basque y'a pas une heure. Elle ne rêve que de briller aux yeux de son supérieur, et ça, c'est quelque chose que je peux parfaitement comprendre. Dommage que malgré mon grade, elle me considère pas comme tel, si elle essayait sans arrêt de m'impressionner, je suis certain qu'elle serait beaucoup moins chiante !! Remarque... peut-être pas, en fait.

Ah tient, je m'attendais à ce qu'elle proteste avec beaucoup plus de virulence quand Eldridge l'envoie faire les courses. Mais en même temps, c'est un ordre direct de son supérieur... et j'imagine qu'elle a assez de jugeote pour comprendre que j'irais bien les chercher moi-même, mais que j'avoue que je lui suis reconnaissant de m'éviter d'avoir à me trimballer dans la base en caleçon. Déjà qu'Eldridge a la sale manie de me foutre à poil dès qu'il peut... oh bon sang, heureusement que j'ai pas dit ça à voix haute, bonjour le sous-entendu...

Pendant que l'étudiante est partie, Eldridge me file des anti-douleurs. J'y suis tellement accoutumé que je n'en attends pas grand chose mais bon, c'est toujours mieux que rien. Lorsque la jeune femme revient, quelques minutes plus tard, je la remercie d'un hochement de tête lorsqu'elle me tend le jogging et le sweat-shirt, et commence alors ma séance de torture. Quoi que je fasse, même si je bouge lentement et avec précaution... mes côtes me lancent. Ça me gêne carrément pour... respirer, en fait. C'est pas la première fois qu'on me pète des côtes, mais c'est toujours aussi pratique. Grimaçant, je me décide à me pencher pour enfiler le jogging - j'ai même pas la foi d'aller faire ça aux vestaires à ce stade. Je m'accorde une petite pause avant d'enfiler le sweat - et je m'étonne que la stagiaire ne nous ait pas encore assaillis de questions... mais la connaissant, ça ne devrait plus tarder maintenant.

Et bingo.

- Un soldat, autrefois sous mes ordres, répondis-je sans la regarder, le visage fermé. Il a été destitué de mon équipe et dégradé pour faute grave il y a des années maintenant. Il n'a pas suivi mes ordres au cours d'une mission particulièrement périlleuse... et s'est rendu responsable d'une vraie boucherie. A cause de lui, j'ai dû laisser plusieurs hommes en arrière, et quand nous avons pu revenir les chercher, un d'entre eux était déjà mort des suites de ses blessures. Un ami, ajoutais-je au bout de quelques secondes, relevant les yeux pour croiser brièvement son regard, avant de les détourner à nouveau.

J'ai de bons souvenirs de mes années de service... mais aussi des moins bons.

Heart's Mechanic - Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant