Heart's Mechanic - Saison 2

15 - LEONHARD

... Hein ??... Je m'arrête en plein milieu du couloir, mais le temps que je me retourne, elle a filé et je me retrouve tout seul comme un con. Une proposition de quoi ?... Non et non puis oui à quoi ??... Oh merde. Me dites pas qu'en fait... non... quand même pas... elle ne peut pas... c'est hautement improbable... Et en même temps... ça expliquerait vachement de choses... Comme sa façon d'avoir autant insisté pour compléter son fichu entretien... ou le fait qu'elle m'ait appelé le soir où elle était bourrée... Non mais quand même... si c'est ça... elle est complètement fêlée... Elle est vachement plus jeune que moi... et puis moi sérieusement... Elle m'a pas bien regardé ou quoi ??... Je suis complètement has been... sans parler de mes amplifications... Remarque... c'est peut-être ça, son « truc »... après tout, vu la façon dont elle en parle... les greffes, c'est toute sa vie...

Non mais écoutez moi. Je suis là, planté comme un con en plein milieu des couloirs, à me demander si une étudiante aurait pas le béguin pour moi. Manquerait plus que ça, tient. Secouant doucement la tête, je reprends mon chemin en direction des douches. Je suis crevé, mais je n'arrive pas à m'empêcher de penser à la stagiaire - c'est pas vrai, maintenant que cette idée à la con m'est venue, je vais pas arriver à arrêter d'y penser. De toute façon, même si elle est très mignonne à sa façon, les intellos hystériques, c'est pas mon genre ! Pour la peine, j'entreprends d'essayer de me noyer sous l'eau bouillante. Je ne traîne pas plus que nécessaire, je choppe un ensemble de sport propre, je laisse l'autre à la laverie, et sur ce, je mets les voiles.

Le lendemain, la journée est encore pire que la précédente. Clairement, même si je me suis un peu entretenu chez moi, plus par habitude qu'autre chose... j'ai vraiment perdu la forme qui faisait de moi un bon commandant. Un bon leader. Qui a mené toute son équipe droit dans la gueule du loup, ce jour là, mais bon, passons. De toute façon, le rythme est tellement intense que je n'ai pas beaucoup le temps de réfléchir - mais à mesure que les jours passent, mon humeur se dégrade passablement. Je suis en manque de nicotine et d'alcool, surdosé d'anti-rejets et d'anxiolytiques, tellement crevé que j'oublie tout et n'importe quoi et que mon cerveau se comporte comme un vrai gruyère. Même avec le retour de toute cette activité physique, je n'ai pas plus d'appétit, pour ne pas dire que la nourriture me dégoûte plus que jamais.

Tellement bien que ce qui devait arriver arriva. Au terme de la première semaine, j'arrive au bout de ma résistance physique - même si je suis déjà en meilleure forme qu'au début de la semaine, ce retour à une activité physique intense est trop violent pour moi, et un matin où j'étais encore arrivé à la bourre, et où je commençais à peine à enchaîner les tours de terrain... blackout. Brutal, soudain, j'ai rien vu venir. Eldridge est immédiatement prévenu, et me fait évacuer vers la section médicale pour une prise de sang et des analyses - je perds définitivement conscience alors que mon brancard file à toute allure vers les labos. Eldridge me barde immédiatement de perfusions, et se rends aux labos pour récupérer les résultats immédiats de mes analyses - impassible, il scrute un moment le tableau sur sa tablette, et relève finalement les yeux vers sa stagiaire.

- Hum... je vous avais demandé de me le remettre sur pieds, miss Barns, pas de le tuer, relève Eldridge avec sa nonchalance coutumière et son accent anglais, un sourcil haussé.