29 - LEONHARD

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Mon absence de réaction virulente semble la laisser dubitative, mais j'ai même pas la foi de m'insurger. Après tout, elle s'est déjà fait un portrait très préconçu de moi - la machine de guerre à disséquer d'un côté, et le type colérique un peu taré de l'autre. Pas étonnant qu'un juste milieu la surprenne - avec elle, c'est toujours tout noir ou tout blanc. Bon, en tout cas, j'ai hâte qu'elle m'enlève l'aiguille - je me sens de plus en plus alerte alors que le cocktail revitalisant circule dans mon sang, et cette saleté me gêne franchement maintenant que je suis bien conscient. Mais alors qu'elle s'approche et que je lève le menton pour dégager mon cou... elle pose une main sur mon front. Quoi encore ?...

- Ah. Ah. Ah. Vous êtes un parangon d'humour, miss Barns, lâchais-je, stoïque.

Bon sinon, elle veut bien me l'enlever, mon aiguille ?... Sinon je vais faire ça à ma sauce, c'est à dire tirer dessus et on verra bien ce qui arrive. He

ureusement, j'ai pas à en arriver là - je lève le menton pour la seconde fois, et je sens une légère pression là où la jeune femme s'appuie sur moi pour assurer son mouvement. Je sens un léger pincement, et en quelques secondes c'est terminé. Je me redresse dans le lit dès que la stagiaire s'est reculée un peu - je bouge la mâchoire par réflexe tout en portant une main à mon cou pour lisser la chair encore apparente - pas que je sente grand chose, mais ça me rassure.

- Reprenez-vous, miss Barns, je vais bien, soupirais-je, un tantinet agacé par la sollicitude exagérée de la jeune femme.

Je suis pas à l'article de la mort !! Va falloir qu'elle s'endurcisse un peu si elle veut travailler avec des amplifiés... Eldridge arrive dans la foulée, et à sa tête je vois tout de suite qu'il m'en veut, mais aussi qu'il se sent un peu coupable. Je lui adresse un discret signe de la tête - à charge de revanche, j'ai bien compris que j'avais encore servi de cobaye sur ce coup là. Mais en même temps, je suis aussi le seul responsable de ma façon de gérer mes repas, donc un point partout. Mais à son dernier commentaire, je hausse un sourcil dubitatif, et je tourne la tête vers l'étudiante - alors comme ça, on s'inquiète pour moi ?...

- Ça fait des années que je les attends, les solutions, à vous de me dire où ça en est, rétorquais-je du tac au tac.

- Vous savez bien que c'est loin d'être aussi simple que ça, soupira le médecin sans s'offenser. Pour aujourd'hui ce qu'on vous a injecté fera l'affaire, rentrez chez vous vous reposer, on avisera la suite des événements la semaine prochaine. Je vous laisse, j'ai à faire - miss Barns quand vous aurez terminé, retrouvez moi dans mon bureau, j'ai quelques tâches à vous confier, conclu le médecin avant de repartir en coup de vent.

Heart's Mechanic - Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant