Heart's Mechanic - Saison 2

83 - CALIANE

Je sursaute en entendant la psy. Je relève la tête et me redresse. Ce qu'elle vient de dire me rassure. Je souris avec reconnaissance et je retourne sur ma tasse de thé comme la misère sur le monde. Le thé est la réponse a une grosse partie de mes problèmes. Surtout ce genre de problème émotionnel. En entendant la psy je lui lance un regard soupçonneux. C'est moi ou elle compte me parler seule à seule ? Nannnnn j'ai déjà un psy je n'en veux pas deux. Et... ben si c'est exactement cela. Elle ne s'en cache pas. Mais moi je ne veux pas lui parler.

Je lance un regard suppliant au docteur qui s'en va mais il me fait un sourire. Et il s'en va. Lâcheur. Je reste planquée dans ma tasse de thé. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Je n'ai pas envie de parler, j'ai juste envie que cette journée se termine et que je puisse faire l'autruche sous ma couette avec mes peluches. Je la regarde s'installer. Et sa façon de s'installer... Elle ne va pas me féliciter clairement. Génial encore une qui m'en veut pour une raison inconnue. Même si quelque chose me dit qu'elle ne va pas se gêner pour me le dire.

Parfait, une petite leçon de morale pour finir en beauté cette journée. Mais sérieusement qu'est-ce que je fais ici. J'aurai du aller me terrer dans un labo quelconque. Pourquoi j'ai toujours besoin d'aller me mettre en difficulté ? Je lève un sourcil. Ai-je un autre choix que de subir cette discussion ? Sa voix douce me tape sur le système. Aller engueule moi et que l'on en finisse. Trop tard tu as l'air et de me gronder et de me prendre de haut. Et en plus tu es en train de me braquer. A fond. Je ne suis pas en état d'être réceptive. Je me redresse et me crispe, les mains autour de ma tasse comme si c'était une bouée.

Des erreurs. Ca commence. Allez... Encore pour ma pomme. Et la technique du je te casse du sucre mais je te passe de la pommade pour mieux faire passer. Etttttt encore une qui me dit que grosso modo je n'ai pas de tact. Ou de sensibilité. Que je suis passionnée. C'est un telllllll défaut.

... MAIS POURQUOI !? Je ne veux plus penser à cette horrible bestiole. Et on me remet le nez dedans. Encore. J'ai du me remettre le nez dedans moi même je veux l'oublier. Arachnophobe ici ! Et pas question d'en parler avec toi ! J'ai déjà mon psy sur le dos.

... Nan tu peux pas mais visiblement tu t'en fiches. Pourquoi les gens que j'aimerai bien qu'ils m'appellent Caliane ne le font pas, aka le commandant, et les autres aka sa psy le font ?!... Cependant... Ce qu'elle dit... Je... peux comprendre. Je suppose. Mais je ne contrôle pas mes réactions autour de ces saloperies. Je note cependant ce qu'elle me dit. Ça a du sens et ça m'aidera probablement. Je ne suis juste pas réceptive pour le moment et je n'en peux plus d'être de nouveau constamment critiquée ou attaquée sur qui je suis. Je pensais avoir laissé cette période loin derrière moi mais visiblement. Je bois une gorgée.

Devrais-je tenter de me justifier ? De dire que c'est à cause de mon syndrome que je suis comme cela ? Que depuis que je fréquente le commandant j'ai doublé mes doses de médicaments pour justement limiter les dégâts mais que je ne peux pas en prendre plus sans que ça soit un risque trop grand pour ma santé ?... J'ai déjà bien plus souvent des maux de tête et je suis plus agressive parfois. Que je fais ce que je peux pour canaliser tout cela. Qu'être arachnophobe ça ne se contrôle pas. Même si je comprends mieux ce qui a pu lui traverser la tête... Je ne pense pas que je pourrai m'en empêcher un jour.

Mais j'ai l'impression que quoi que je dise pour me défendre, j'aurai... tort. Parce que le commandant a... pire que moi clairement. Ça n'est même pas comparable. Et je le comprends. Mais... c'est vraiment blessant d'être toujours en tort. D'être toujours rabrouée. Je secoue la tête, réalisant que mes pensées prennent un tournant dangereux mixant jalousie, déception, rancœur et tristesse.

Elle n'a pas dit que du mal de moi. Je dois me focaliser dessus, voir le positif. Je peux le faire. Je dois le faire. Malgré le poids sur ma poitrine, je prends un air gêné et je hoche la tête avec un sourire contrit.

- Je comprends. Je ferai de mon mieux. Je suis désolée. Pour l'araignée... enfin bref. Je... lui présenterai mes excuses.

Même si un jour j'aimerai bien arrêter de m'excuser d'être qui je suis. Allez tu as ce que tu veux, laisses-moi m'auto-apitoyer en paix.