Heart's Mechanic - Saison 2

17 - LEONHARD

Voyant l'angoisse de sa stagiaire, le médecin esquisse un sourire et vient poser un genou à terre face à la jeune femme pour croiser son regard.

- Miss Barns, calmez-vous, ordonne doucement le médecin. Tout va bien, il s'est juste offert une petite syncope, il ne va pas en mourir, plaisante Eldridge, avant de se redresser pour faire face à la jeune femme. Vous avez tout à fait raison, miss Barns. Votre programme était un peu... costaud, pour une reprise, mais sur le papier ça n'aurait dû être que plus efficace encore pour remettre le commandant en bonne forme. Avant toute chose, sachez qu'il est le seul responsable pour ce qui vient de lui arriver. Mais... vous avez tout de même oublié de prendre en considération deux variables majeures. Je l'ai bien vu lorsque j'ai observé votre programme, mais j'ai volontairement gardé le silence, pour voir si vous alliez parvenir toute seule aux bonnes conclusions.

La plus évidente, et j'aurais cru que vous y penseriez avant, connaissant les mauvaises habitudes de M. Steinberg... mais bon, bref, c'est bien sûr la réduction drastique de sa consommation d'alcool cette dernière semaine. Et de tabac, dans une moindre mesure. Peut-être n'aviez vous tout simplement pas remarqué ce facteur... je veux bien le croire. Le commandant est... enfin, il n'est pas forcément le plus facile des sujets pour commencer. Vous êtes jeune, et peut-être êtes encore un peu trop... innocente, peut-être, pour imaginer la somme de travail que peut représenter un patient souffrant de tel dégâts psychologiques.

Et ensuite... là, je vous ai tendu un petit piège, je l'avoue. Toute l'équipe ici connaît les habitudes alimentaires du commandant... à savoir qu'il ne mange rien, ou juste de quoi le faire vivre. J'exagère un peu - en fait, il mange juste ce qu'il faut pour que son corps continue à supporter ses greffes. S'il n'était pas amplifié, il se serait probablement déjà laissé mourir de faim. Mais à cause de ses greffes, il sait que s'il ne veut pas repasser sur le billard de sitôt, il a tout intérêt à faire un minimum attention. Sauf que ça, ça allait bien pour quand il restait inactif chez lui - mais à bouger plus, sans manger plus, il fallait bien que ça le rattrape à un moment ou l'autre. Voilà les deux failles majeure dans votre programme, jeune fille. Mais vous n'avez pas à vous en vouloir - vous êtes ingénieure, pas médecin, et on ne peut apprendre la dimension humaine de ce métier qu'une fois sur le terrain, explique patiemment le médecin, un léger sourire aux lèvres.

Se détournant un moment de sa stagiaire, Eldridge prend un moment pour laisser la jeune femme réfléchir et pour vérifier que mon état est stabilisé. Puis il tire en soupirant une seringue de sa poche, et en injecte le contenu directement dans la poche de ma perfusion.

- Je ne voulais pas faire ça, mais ça devrait l'aider un peu le temps du sevrage, murmure le médecin, avant de remettre la seringue dans sa poche. Que ça reste entre nous, miss Barns. Je dois retourner dans mon bureau - je vous laisse veiller M. Steinberg, qu'il se tienne tranquille quand il aura repris connaissance, et lorsque le contenu de sa poche sera vide, appelez moi, il aura droit à un dernier examen et il sera libre pour aujourd'hui. Je vous retrouve plus tard...

Et sur ces dernières paroles, il quitte la chambre et me laisse aux bons soins de sa stagiaire.