68 - LEONHARD

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Oh bon sang c'est trop fort. Quand je pense à l'autre débile, qui affectionne les chambres d'hôpitaux à peu près autant que moi, coincé ici comme un débile parce que l'étudiante a fait n'importe quoi avec les commandes. Franchement, Eldridge doit vraiment l'avoir à la bonne pour la laisser faire ça... mais c'est pas une bonne nouvelle pour moi. Parce que si Eldridge apprécie assez sa stagiaire pour la laisser faire n'importe quoi volontairement... c'est qu'elle doit être vraiment forte. A ses yeux en tout cas. Et bon, c'est juste le meilleur médecin d'amplifiés de tout New-York, voir probablement de tout le continent. Et puis merde ça ne prouve rien, j'ai pas envie de la laisser me bricoler sans Eldridge dans les parages, ça me stresse !

Bon en attendant, elle en remet une couche, et je peux pas m'empêcher de ricaner bêtement. En me tenant les côtes, en grimaçant et en m'étouffant à moitié. Il faut qu'elle arrête ou elle va finir par me tuer - mais en attendant, elle me fait le coup de sa tête de chouette, et c'est irrésistible. En plus elle a ses lunettes sur le nez, ça lui donne l'air encore plus ahurie, et par-dessus j'imagine la tronche de Carter s'il savait que l'étudiante saborde volontairement sa guérison - oh c'est franchement trop fort.

- ... Miss... Barns... vous allez avoir ma peau, haletais-je, riant toujours mais à moitié asphyxié.

Et puis, accessoirement, j'ai mal, aussi. L'ambiance change alors du tout au tout - on aborde les sujets qui fâchent... et clairement, je suis plus têtu qu'elle. Et en plus elle me fait encore sa tête de chouette, genre elle m'a pas vu venir ! J'y crois pas. Je croiserais bien les bras pour me donner l'air encore plus campé sur mes positions, mais avec mes côtes, ce serait une mauvaise idée - je relève donc juste le menton, une lueur triomphante dans le regard - elle est sacrément mal barrée avec moi la pauvre cocotte. Mes yeux sont un mélange de circuits imprimés et de protection en verre incassable, elle se fatiguera bien avant moi. Pour la peine je me cale plus confortablement dans mon siège, bien décidé à ne pas bouger. Je ne bouge pas, je ne cille pas. Je n'ai même pas besoin de cligner des paupières, en vrai, et c'est un réflexe que je peux contrôler.

Elle a l'air de bouillir sur place, mais il en faudra plus pour me faire changer d'avis. Clairement, mon manque de coopération l'exaspère - mais je pense toujours ce que j'ai déjà dit à propos de son manque d'humanité quand elle se laisse trop emporter par sa passion des machines. Et même si elle veut bien faire, je n'apprécie toujours pas son empressement à vouloir venir fourrer ses doigts dans mes câblages. Je suis une personne, non d'un chien, pas un cobaye !! Quand est-ce qu'elle va intégrer ça ?...

Elle a le mérite de ne pas baisser les yeux tout de suite, au moins. J'ai déjà remarqué qu'elle s'accommode étrangement bien de mon regard atypique... mais même si ça l'avantage pour cette fois, elle ne risque pas de me battre à ce jeu là. La porte du bureau s'ouvre et se referme quelques secondes plus tard - mon champ de vision est plus large que celui d'un humain lambda, et à la tête de la secrétaire, on peut déjà considérer que cette histoire a fait le tour des bureaux. Je m'en fiche - après tout, j'ai une réputation à tenir, et si tout le monde sait que je martyrise la stagiaire d'Eldridge, ça dissuadera les autres crétins tentés de venir s'essayer à la dissection sur moi.

- Oh, vous craquerez avant, l'assurais-je avec arrogance, toujours sans cligner des yeux.

Je vois bien qu'elle s'agite, qu'elle en a déjà marre - elle n'a pas la patience d'un soldat bien rodé, elle est trop jeune, trop vive, trop passionnée – elle cédera bien avant moi.

Heart's Mechanic - Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant