Heart's Mechanic - Saison 2

91 - CALIANE

Non décidément il ne veut pas prendre mes perches tendues. Malgré tout cela permet de détendre un peu l'atmosphère et c'était le but. Donc ça ne me dérange pas. Un autre jour peut être qu'il prendra mes perches et que je regretterais de les avoir tendues, en attendant je suis soulagée de le voir un peu plus détendu. Son esquisse de sourire... D'un côté je suis contente de la voir, c'est... enfin ça lui va bien. De l'autre... Ça n'est pas un sourire heureux alors... Non je ne l'aime pas.

Mouais je suis sûre que je ne suis pas la seule à le dire. Et de toute façon je suis sûre de ce que j'avance. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi il a fait une crise. D'après le docteur Eldridge il est stable depuis un moment. Est-ce le stress du retour à la vie active qui a affaibli ses défenses mentales ? Seule Ross pourra le dire.

Ma question lui fait l'effet d'un coup de fouet. C'était ce que je voulais en même temps mais ça me fait sursauter malgré tout. Il se défend aussitôt et me fusille du regard. Je souris faiblement, touchée de le voir dans cet état, au point de ne pouvoir finir ses phrases.

- Je sais, je dis toujours doucement. Vous ne le vouliez pas. On vous a retiré votre libre arbitre. Ça n'est pas votre faute et vous n'êtes pas coupable.

J'en suis persuadée quoi qu'il en pense lui et je veux qu'il le sache. Je le regarde sans me cacher. Je n'ai pas peur de son regard, je suis certaine de ce que j'affirme.

J'aimerai bien pouvoir l'en convaincre mais quelque chose me dit que ça ne changera rien. Que sinon Ross aurait déjà réglé ce problème. Je m'excuse donc aussitôt. Je n'aurai pas du appuyer sur cette blessure à vif. Je m'en veux. Quand est-ce que j'apprendrai à réfléchir un peu plus avant de parler ? Heureusement il semble ne pas m'en tenir... trop rigueur et me dédaigne alors que je me vante. Je fais aussitôt une moue boudeuse avant de lever le nez, remplie d'assurance.

- Je suis un génie et je vous le prouverai !

Mouais c'est pas gagné ça quand même. Déjà, qu'il me parle de lui-même c'est beaucoup. Petit à petit, l'oiseau fait son nid. Mais punaise qu'il est lent ! Ou alors c'est un palace qu'on construit ! Comme quoi il n'y a pas que moi qui n'aime pas trop le silence ou qui ne réfléchit pas tout à fait avant de parler. Ce que je trouve plutôt rassurant. Dommage que ça soit sur ce sujet.

Heureusement il me laisse parler sans m'interrompre. Je ne sais pas si j'aurais pu continuer. C'est... dur d'en parler. Plus que ce que je ne le pensais. Mais... je ne le regrette pas. C'était le bon choix. J'ai le cœur un peu plus léger même si je ne sais pas tellement pourquoi. Est-ce d'avoir avoué au commandant l'origine ? Est-ce d'avoir offert au commandant un bout de mes démons alors que j'ai vu tant de ses cauchemars ? Est-ce d'avoir pu mettre quelques mots bien à moi sans avoir le retour au vocabulaire complexe de la psychologie ?

Peu importe. Je... me sens mal mais un peu mieux, c'est plutôt étrange comme sensation.

En l'entendant me proposer... son aide de façon... si... spontanée, j'écarquille les yeux, profondément surprise. Et touchée. Je sens ma gorge se nouer. C'était probablement la meilleure réponse qu'il pouvait me faire, celle qui m'aide le plus à repousser les souvenirs. Je cligne des yeux, en chassant l'humidité. Elle vient du vent il me pique les yeux ! Je lui offre finalement un sourire lumineux.

- Merci.

Savoir que si... ça se reproduisait je ne serai pas seule pour affronter les souvenirs...

J'aurai pu faire une blague, l'appeler mon preux chevalier, vanter ses mérites de chasseur... Mais non. Tout cela aurait sonné faux par rapport à la gratitude que je ressens à ce moment à son égard. Perdue dans mes pensées, je ne réalise pas qu'il se relève. Brusquement une main entre dans mon champ de vision. Interloquée je relève la tête. Mon air surpris se mue en ravissement à sa proposition maladroite.

- Évidement ! Je m'exclame en prenant sa mains sans hésitation.

Le métal est moins froid que ce que j'aurai cru. Ou alors je suis plus gelée que je ne l'imagine. Une fois debout, je m'époussette rapidement. J'ai des fourmis dans les fesses. Sérieusement. Mais ça n'a pas d'importance parce que....C'est un petit moment d'éternité que nous venons d'avoir là. Et il me propose de lui même, de m'occuper de son bras. YEAHHHHHH !! Cependant... je calme rapidement mon enthousiasme. Je ne veux pas qu'il se sente de nouveau... Comme un simple puzzle pour moi. Et puis... Est-ce que retourner dans le bureau... Enfin est-ce qu'il s'en sent capable ? J'espère que le bazar a été nettoyé. Je n'ose pas lui demander s'il est sûr. Je ne voudrais pas redéclencher quelque chose...

Une fois la circulation de mon sang un peu rétablie, j'ouvre la porte, le laissant passer avant de rentrer à l'intérieure, direction le bureau d'Eldridge. J'espère qu'il va mieux d'ailleurs. Le commandant m'inquiète quand même.

- Ça vous dérange si on va dans la salle qu'on m'a attribuée ? Ça n'est pas très grand mais j'ai tout ce qu'il faut en terme d'outil.

J'aurai juste les plaques à récupérer. Ça serait peut être mieux pour lui de le faire ailleurs ?