33 - LEONHARD

60 7 0
                                    

En attaquant, je savais que le combat allait être bref, mais intense, et que son issue allait se déterminer à peu de choses. Il nous aura suffit de quelques coups pour nous infliger des blessures sérieuses - son coup dans mes côtes de sa jambe amplifié a clairement fait des dégâts, et mon arcade ouverte pisse le sang. Je sens également que mon bras coince un peu, à l'endroit où il a pété la barre en fer - la mécanique en a aussi pris pour son grade... et pourtant, je jubile intérieurement. Parce que c'est rien, comparé à ce que je lui ai mis dans la tronche - son nez de travers ruisselle à gros bouillons, et mon dernier coup lui a arraché un grondement de douleur.

Mais c'est un soldat d'élite, et il ne s'effondre pas en hurlant - non, il reporte tout son poids sur sa jambe en acier, et m'observe de ses petits yeux torves d'un regard brûlant de haine pure. Il sait que c'est fini pour lui – il pourra peut-être encore me placer un bon coup, mais avec sa jambe dans cet état, il ne peut plus grand chose. Je savoure cet instant, ma victoire... j'arme mon bras pour lui porter le coup final, et je lis dans ses yeux sa parade, et le dernier coup qu'il prévoit de m'envoyer avant de finir au tapis... et là, j'encaisse un grand jet d'eau glacée. Carter en prend aussi pour son grade - j'ai encaissé le principal de la pression du jet, mais il est quand même touché assez fort pour que sa jambe le lâche définitivement.

Je m'écarte brusquement pour sortir de la trajectoire du jet - touché dans le dos, l'impact à redoublé la douleur dans mes côtes, et je me plie en deux, haletant, cherchant du regard le cinglé qui nous a attaqué comme ça. Eeeeeet j'aurais dû m'en douter. Je reprends alors contact avec la réalité. Autour de nous, c'est la panique totale, et je constate que tous les non-amplifiés, à l'exception de miss Barns, ont bien évidemment été évacués. Les responsables affluent et tentent de canaliser les cadets qui ne savent plus où se mettre, la lance à incendie est en train d'inonder le terrain, et l'eau masque à peine les dégâts qu'on a eu le temps de causer en remplissant les cratères des impacts de coups. Quelqu'un arrête enfin l'arrivée d'eau - bon sang, c'est un sacré bordel. Carter est à terre, devant moi, et je le gratifie d'un dernier coup de pied dans l'estomac, pour la peine.

- Mais qu'est-ce qui se passe encore ici ??!! rugit alors un instructeur qui vient d'arriver, et qui constate l'état de son terrain. Ça suffit à la fin, ça suffit !!

Une nuée de soldats baraqué déboule alors, et même si on a clairement fini de se taper dessus, ils se précipitent pour nous maîtriser. Je me laisse faire, grognant simplement lorsque l'un d'entre eux m'effleure les côtes - putain il m'a pas raté le con. Carter est laissé sur le terrain en attendant d'être évacué par les médecins - moi, je suis conduit directement dans le bureau d'Eldridge. J'ai gardé miss Barns dans mon visuel pendant tout ce temps, mais je ne lui ai pas adressé un regard, ni la parole - je suis hors d'haleine, perclus de douleur, mais surtout, ivre de rage que ce type fasse encore partie de l'armée. Je croyais qu'il avait été renvoyé pour faute grave !! Et je le recroise ici, des années après !! C'est inacceptable !!

Heart's Mechanic - Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant