Heart's Mechanic - Saison 2

85 - CALIANE

Elle est motivée pour continuer de me parler alors que je suis en mode porc-épic. Je dois bien lui reconnaître cela. Elle continue et tente de trouver un angle d'entrée dans ma carapace sans grand succès. Enfin je note ce qu'elle me dit mais je ne réponds pas. Je ne suis juste pas d'humeur. Je devrai peut être lui donner le nom de mon psy ils pourront s'entretenir et décider de la meilleure façon de gérer cela. Ouip non aucune chance. Ça serait la fin de ma sanité.

Je suis cependant surprise quand elle refuse mes excuses. Oh. Je pensais qu'elle voudrait que je le fasse vraiment. J'ai... mal jugé visiblement. Tant mieux, ça me mettait mal à l'aise de devoir m'excuser pour un truc que je ne contrôle pas même si je comprends l'analogie entre les deux.

- Je... vais essayer d'y réfléchir et d'en tenir compte.

C'est le mieux que je puisse lui répondre pour le moment. Et ça me fait déjà réfléchir, je le sais. Elle m'a rappelé certaines choses que je savais mais que j'oublie à force. Quand elle m'indique où il est, je me détends un peu. J'ai... envie de m'assurer qu'il va vraiment bien.

- Merci Docteur Ross.

C'est plus sincère que je ne l'aurai imaginé. Elle s'en va. Je termine mon thé et je vais aux vestiaires récupérer mon manteau, mon bonnet, mes gants, mon écharpe et ma boite de roulés à la cannelle amoureusement cachée dans mon casier. Je m'en prends un aussitôt. Je maintiendrais jusqu'à ma mort que la meilleure thérapie c'est celle du ventre.

Je sors espérant trouver rapidement le commandant. En fait je le trouve tout de suite puisqu'il est là où on a fumé la dernière fois, prostré et entouré de mégots. L'odeur est immanquable. Je grimace et je tousse. Beurk. Je pousse du pied les mégots et je m'assois à côté de lui.

- Voooo c'est froid par terre. Et ça pue vraiment vos clopes, je grimace regardant devant moi et

agissant comme si tout était normal.

Je ne sais pas comment agir autrement. Il... ne va pas bien malgré ce qu'a dit Ross mais je suppose qu'on peut considérer qu'il va bien puisqu'il est sorti de sa crise rapidement et qu'il est seul à fumer. Je lui tends la boite de roulés, je me moque qu'il soit désormais certain que les cadeaux viennent de moi. Il s'en doute déjà sûrement.

- Ce sont les meilleurs que j'ai fait.

Je ne sais même pas s'il a aimé les autres. Et je doute qu'il accepte d'en manger là maintenant mais...

- Ça n'a peut être pas de sens ni d'étude pour confirmer ma croyance. Mais je suis persuadée que la bouffe c'est la meilleure des thérapies.

Je lâche un petit rire à ma bêtise. J'espère ne pas avoir commis un autre impair avec ses histoires de ne pas avoir de goût. Faites que la cannelle ait fonctionné. Et qu'il ait aimé un peu. J'en reprends un pour moi et je le mâchonne tout en lui jetant un coup d'œil en biais. Il a une tête affreuse et je ne parle pas que des marques physiques, oh la belle future cicatrice. Il a l'air... dévasté je crois. J'aimerai savoir quoi dire. Mais je ne sais pas. Je ne veux pas faire de faux pas. Je ne veux pas sortir de belles paroles creuses. J'aimerais... le réconforter malgré nos différents. Je sais que je devrai probablement avoir peur de lui. Mais ça n'est pas le cas. Il est des centaine de fois plus dangereux qu'une araignée et pourtant l'araignée me terrifie bien plus que lui.

- Saviez-vous que si la Terre tourne aujourd'hui encore sur elle-même, c'est à cause du mouvement qu'elle a obtenu lors de sa formation grâce à la somme des mouvements de toutes les roches qui se sont agglomérées pour la former ? Mais cette vitesse de rotation ralentit et à terme elle s'arrêtera. Ce phénomène s'appelle le « verrouillage gravitationnel » et ça arrivera dans quelques milliards d'années à la Terre. C'est ce qui est déjà arrivé à la Lune.

Oui je sais je sais mais je fais ce que je peux hein. J'ai lu ça hier dans un livre. J'ai juste envie... qu'il sache que... eh bien que ça ne change rien. Enfin pour moi.