Heart's Mechanic - Saison 2

96 - LEONHARD

Je baisse les yeux sur la jeune femme alors qu'elle me sort son laïus, un sourcil haussé, un vague sourire en coin aux lèvres - ouais, un jour je la mettrais au défi de faire des tours de terrain avec moi. Parce que si c'est un défi, elle le relèvera, c'est pas son genre de se débiner - et en même temps, elle arrivera à faire quoi ?... Un tour ?... Deux peut-être, avant de rendre l'âme. Ce sera tordant. Ça me fait repenser à ma formation d'autrefois, à tous les exercices physiques imposés à mon ancienne équipe - j'étais un soldat d'élite, à cette époque... une vraie machine de guerre, à tous les sens du terme. Et je sais bien que malgré mon programme de réinsertion, je ne retrouverais jamais la force et l'énergie que j'avais à l'époque. Mais ça fait de beaux souvenirs... pour la plupart.

Une fois dans le labo d'Eldridge, je jette mes mégots, je retire mon pull, et je vais me poser dans le fauteuil dans une routine bien huilée. Mon flanc blessé a viré au jaune verdâtre, signe que les côtes sont en bonne voie de guérison, même si c'est toujours douloureux. Mais au moins ça ne l'est plus que quand je fais des gestes brusques ou que je lève les bras... les premiers jours, le simple fait de respirer était une véritable torture. Mais là, je peux tendre le bras sans que ce soit trop douloureux. Concentrée, la jeune femme se mure dans un silence impénétrable alors qu'elle commence à travailler sur mon bras. Elle est... impressionnante quand elle fait ça - d'un seul coup, elle devient comme... impénétrable. Ce n'est plus la jeune idiote qui faisait des tours de tabouret il n'y a pas cinq secondes - non... là, c'est l'ingénieure qui sait qu'elle n'a pas le droit à l'erreur qui est au travail.

Elle n'a pas l'air d'avoir conscience que je la regarde, alors j'en profite pour la fixer un peu plus que la bienséance ne me l'autoriserait en temps normal. Et en la regardant comme ça, à la dérobée, alors qu'elle est concentrée sur son travail... je me surprends à la trouver... plus... jolie que je ne l'avais cru. Son visage en cœur est un peu enfantin, mais son nez pointu et ses lèvres fines rétablissent l'harmonie de ses traits - ses yeux sont assez grands, entre le gris et le bleu, frangés de longs cils sombres qui touchent presque ses pommettes alors qu'elle s'affaire sur un câblage. Elle ne porte aucun maquillage à l'exception d'un rouge à lèvres bien rouge - peut-être un peu de mascara... mais bon, c'est pas vraiment mon domaine ça.

Ses lèvres sont serrées en une petite moue de concentration, ses sourcils fins légèrement froncés - ses grosses lunettes lui font des yeux de chouette, et c'est assez amusant, en fait - ça lui donne l'air d'un extra-terrestre. Enfin bref... elle est quand même pas très féminine comme nana. Je ne l'ai jamais vue vêtue avec autre chose que des vêtements larges et fonctionnels – pas non plus garçon manqué... mais on reste à des lieues des mini-jupes et des bas de dentelle d'Allison. Rah, pourquoi je pense à elle maintenant ?... Et puis à quoi je pense tout court de toute façon ??? Qu'est-ce que ça peut me faire, que l'étudiante soit jolie ou non ??! L'essentiel c'est qu'elle fasse bien son travail et puis voilà !! Pff mon pauvre garçon, ça commence à faire trop longtemps que ton matériel n'a pas servi...

Je redescends sur terre alors que la jeune femme m'annonce qu'elle a terminé et que je peux tester ses réparations - pris sur le fait... je me redresse pour cacher le fait que je me sens rougir comme un con. Ça m'apprendra à avoir des pensées débiles comme ça !! Pour me donner une contenance, je fais de grands gestes pour étirer mes bras, ignorant le tiraillement de mes côtes - bon... on dirait qu'elle a fait du bon boulot.

- Tout m'a l'air parfaitement en ordre, bougonnais-je, toujours sans la regarder.

Sauf que là je vais devenir flag si je continue comme ça. Bon... trouve quelque chose à dire, n'importe quoi, juste pour détourner l'attention...

- Vous... euh... merci, balbutiais-je, avant de me détourner pour aller enfiler mon pull.

Et arrête d'essayer de parler mec. Je suis définitivement pas fait pour le blabla.