Elle a compris ?... J'ai été assez clair ?... Je suis pas sûr. Elle me fait encore sa tête d'ahurie - bon sang, que j'ai envie de l'attraper par les épaules et de la secouer quand elle me regarde comme ça. Elle me donne l'impression de lui parler chinois. Franchement, c'est pas compliqué ce que je dis non ??... Je sais pas trop ce qui se passe sous sa jolie petite tête de linotte, mais son air pensif en dit long. Calée sur sa chaise, elle se rapproche finalement pour mieux s'accouder sur le lit à mon chevet, et je hausse un sourcil alors qu'elle m'observe. Quoi ?... Qu'est-ce que j'ai dit encore ?... J'ai envie de lui demander ce qui lui trotte dans la tête, mais je n'ai aucun doute sur le fait qu'elle va se faire une joie de me l'exprimer sous peu.
Et bingo. Elle parle. Elle doute. Elle fait bien, parce qu'une fois qu'elle aura signé son contrat avec l'armée, il n'y aura plus de retour en arrière. J'ai envie de l'interrompre, d'insister, mais au lieu de ça, je la laisse parler. Parce que pour une fois... elle dit des choses un peu sensées. Des choses que je peux comprendre. Je comprends l'intention - et je ne doute pas une seconde que ces belles intentions soient celles de tous les scientifiques, au départ. Mais, je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête, mais à un moment ou l'autre... ils perdent leur empathie. Leur humanité. En oubliant la notre. Le désir d'aider devient un désir de création destructrice, dévastateur - la course à l'armement s'engage, on veut créer toujours plus, toujours mieux, toujours pire. J'en suis un exemple vivant. Certains s'en accommodent très bien - d'autres... se laissent détruire par ce monde impitoyable. Et doivent ensuite vivre avec.
Et je ne doute pas une seconde qu'elle appartient à la seconde catégorie. Mais pourtant... quand elle pose finalement sa main sur mon bras... je ne dis rien. Je n'insiste pas, je n'ajoute rien. C'est son choix - et d'ici qu'elle soit engagée par l'armée, elle en aura assez vu pour faire ce choix en toute connaissance de cause. A partir de là, qui suis-je pour tenter de la dissuader ?... Bon sang, je tuerais pour une clope. La jeune femme s'est détournée pour prévenir Eldridge que la poche de ma perfusion est vide - j'espère que ça veut dire que je vais pouvoir me lever. J'ai passé plusieurs vies dans un lit d'hôpital, inutile de rajouter une seconde de plus que nécessaire.
- Miss Barns, en attendant qu'Eldridge arrive, si vous pouviez retirer l'aiguille... elle me gêne, demandais-je lorsqu'elle se retourna finalement à nouveau vers moi.
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Heart's Mechanic - Saison 2
RomanceLes jours se suivent et ne se ressemblent pas sur la base militaire New-Yorkaise des United States of the World. Les rapports entre Caliane Barns et le commandant Steinberg se dégradent progressivement depuis que le militaire a rabroué l'étudiante u...