Cassandre et Gaëlle visitèrent le reste de la maison jusqu'au dernier étage.
Le jour déclinait et le froid devenait polaire. Dans ce qui avait été l'atelier de sa mère, Gaëlle devina sous la poussière, que le sol était tacheté de peinture. Certains carreaux des grandes fenêtres étaient brisés et l'on pouvait apercevoir les toits de Londres, la coupole de St Paul, la tour gothique de Ste Mary.
Elle se rappelait de cet endroit, de flashs colorés, de rires, de jeux, il y faisait chaud alors et l'air sentait la tarte aux pommes, la peinture à l'huile et l'essence de térébenthine, tout y était vivant. Aujourd'hui cette maison était morte. Elle en eut les larmes aux yeux et lutta pour étouffer les sanglots qui lui blessaient la gorge en tentant de se frayer un chemin. Elle avait de nouveau quatre ans et voulait les bras de sa mère, mais elle aurait beau pleurer, elle ne pourrait plus jamais la retrouver. Elle se reprit tant bien que mal en essayant d'ignorer les regards compatissants que Cassandre lui jetait.
Elles firent le tour de la pièce, tapèrent du talon les lattes du plancher à la recherche d'une autre cache, mais en vain, elles ne trouvèrent rien d'autre que quelques feuilles recouvertes de quelques croquis, des études au fusain sur le sol et les rayonnages vermoulus. Gaëlle les ramassa religieusement et les mains chargées du portefeuille, de la poupée et des dessins retrouvés, elles quittèrent les lieux avant que la nuit ne tombe.
***
Lorsque Komang leur ouvrit la porte du 18 Theobald's Road, les deux jeunes femmes découvrirent Brogan et Blake en grande conversation avec tante Honorine.
La vieille dame, riait à un bon mot de son neveu.
Les chiens de Cassandre entrèrent en trombe dans le salon et se jetèrent sur Joshua en jappant à la recherche de caresses. Il mit un instant à modérer leur enthousiasme un peu trop débordant.
– Il fait nuit, finit-il par faire remarquer d'un ton neutre à son épouse. Vous m'aviez fait une promesse je crois. Il lui jeta un regard indéchiffrable sous le voile de ses cils noirs en tapotant les flancs de Hadès.
– Je n'ai rien promis et la nuit tombe à peine ! Vous exagérez !
Il sourit en l'entendant protester. En voyant cela, elle saisit un coussin brodé et lui envoya en pleine figure, ce qui ne fit que dédoubler son hilarité.
– Nous avons eu une journée fructueuse, s'écria Gaëlle en essayant de se faire entendre par-dessus le rire tonitruant du lord.
Tant bien que mal, il tenta de se taire, se redressa et s'efforça de retrouver une attitude digne de son rang. Tâche difficile alors que vous étiez toujours assailli par deux chiens bondissants et que votre épouse vous lançait un regard dédaigneux. Il n'avait pas gagné des points, mais cela faisait du bien de rire un peu après une journée éprouvante à écouter Mr Miller, le décorateur recommandé par Brogan et Miss Hicks, son assistante, dénigrer chaque centimètre carré de Blake House. Un peu de détente était la bienvenue. Ils avaient même critiqué les fenêtres ! Elles n'étaient pas assez "compréhensibles". Le diable s'il savait de quoi ils voulaient parler. Une fenêtre était propre ou sale, petite ou grande et les choses s'arrêtaient là. Quand il vit l'expression désespérée de Miss Shaw cependant, il se tança intérieurement, la pauvre avait l'air bouleversé et fébrile, elle devait maudire la grosse brute insensible qui monopolisait l'attention de tous.
– Veuillez m'excuser Miss Shaw. Racontez-nous vos découvertes.
Elle fit un compte-rendu détaillé de leur journée quasiment minute par minute. Brogan s'impatientait et son pied marquait le tempo d'une danse effrénée. Quand elle en vint à leur expédition dans l'immeuble de bureau, il commença à lever les yeux au ciel, mais Aidan s'amusa de voir l'expression d'ours ronchon de son meilleur ami quand Gaëlle expliqua ce qui à ses yeux était le plus grand numéro de charme de lady Blake sur ce pauvre homme d'affaire. Brogan, pour sa part doutait fort que la beauté française se soit livrée à un équivalent moderne de la danse des sept voiles mais aux yeux si innocents de Gaëlle, son intervention tenait presque de la magie. Il devrait peut-être l'amener à quelques bals et dîner dans le monde, histoire qu'elle se frotte un peu au monde réel, médita-t-il alors qu'elle en arrivait à la découverte de la maison de ses parents, des mois à Londres et elle était toujours aussi ingénue qu'un lapereau.
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Quand les loups se mangent entre eux
Paranormal1854 Les jumeaux Cassandre et Arcas sont des meneurs de loups. Une hérédité dont ils se seraient bien passés. Elle vient de couter la vie à leurs parents, assassinés par de mystérieux hommes en noir, possédant des pouvoirs surnaturels qui même à l...