Chapitre 34

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Arcas n'avait pas la moindre envie de s'enfermer dans la cabine qu'il partageait avec cinq sous-officiers anglais. Il avait besoin d'un peu de paix. Il finit par trouver un coin tranquille sur le pont. Il se laissa glisser le long d'un mur. Assis, appuyé contre la paroi, il regardait l'océan, en reprenant son souffle.

Il sentit son parfum avant de la voir.

Elle lui lançait le regard sévère d'une institutrice qui vous prenait la main dans le sac avant de faire une bêtise : "Reposez cette grenouille jeune homme. On ne glisse pas d'animal dans les vêtements de ses petits camarades !" Semblait-elle sur le point de lui dire.

– Vous avez joué avec ces hommes, le gronda-t-elle.

– Pardon !

– Vous auriez pu tordre cette dernière barre.

Il la regarda. Pas pour lui faire les yeux doux comme jusqu'à présent, mais réellement, comme s'il la voyait pour la première fois et qu'il devait se méfier.

– Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? C'était un sacré bout de métal. Il faut avoir des bras gros comme des cuisses pour tordre ce truc.

– Nous savons tous les deux que vous auriez pu gagner sans peine. Pourquoi vous amusez vous de ces hommes ? C'est cruel, vous profitez de la situation.

– Vous voulez dire, parce que je suis officier ? Parce que je suis noble ?

Elle ne répondit rien, elle se contenta de le fusiller des yeux. Il soupira bruyamment.

– Le fait est que si je retournais à la vie civile, je serai toujours le baron d'Arlon. Le soldat Cole pourrait être obligé de redevenir hercule de foire même s'il n'en a visiblement plus l'envie, mais quel genre de surhomme se fait battre par un petit freluquet d'aristocrate français ? Sa réputation serait fichue.

– Vous êtes en train de me dire que vous avez perdu volontairement pour rendre service à ce géant. Arriver en second vous fait plaisir peut-être ?

– Je n'ai jamais dit ça, mais j'ai l'habitude d'être deuxième. Vous avez des frères et sœurs ?

– Oui trois frères.

Cela semblait lui coûter de l'avouer.

– Plus âgés ?

– Tous.

– Pour ma part je n'ai qu'une sœur, elle m'a devancé d'une dizaine de minutes dans le vaste monde, mais cela lui a suffi pour hériter de tous les talents.

Il la vit se raidir.

– Vous me comprenez ? Je ne lui en veux pas. Elle est la personne que j'aime le plus au monde mais parfois...

Il se frotta le visage pour essayer de retrouver ses esprits, ses mots semblaient le fuir, et il commençait à voir des flashs lumineux.

Diana l'examina attentivement, elle fronçait les sourcils et entre deux éclairs Arcas ne put s'empêcher de la trouver absolument adorable. L'infirmière grommela et posa une main sur son front. Elle était fraîche et Arcas s'y appuya comme un condamné à la recherche de son salut.

– Vous êtes bouillant pauvre sot. Que prenez-vous ?

– Que voulez-vous dire ?

– Voyons la pleine lune approche ! Que prennent les Harispe ?

Il la dévisagea et elle voyait toute la méfiance du monde dans son regard turquoise. Il rechignait à lui parler même si à présent il était parfaitement conscient qu'elle savait qu'il était un meneur de loups.

Quand les loups se mangent entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant