Chapitre 51

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Les Anglais eurent à faire à un souci majeur, cela peut paraître absolument anodin mais pourtant...

Ils manquaient de chariots. Au point qu'ils ne purent faire parvenir aux campements les tentes censées abriter les soldats.

Aux bords de la mer Noire, les nuits sont froides et humides. Durant la journée le soleil frappe la terre sans pitié et la chaleur accable les hommes censés garder leurs uniformes. Que voulais-tu qu'il se passe alors que tant d'hommes, à pied, se trouvaient obligés de survivre dans de telles conditions et sans hygiène ? Les troupes furent frappées par une épidémie de choléra, et puisqu'il n'y avait pas de moyen de transport, on abandonnait les hommes qui tombaient, trop épuisés pour encore avancer. On les a laissé mourir au bord des routes. Les pertes furent considérables.

Heureusement, nous, les français, sommes bien plus organisés. Il faut dire que nous avons beaucoup de vétérans des campagnes d'Afrique du Nord. Nous avons donc une certaine habitude des combats et de l'organisation qu'ils nécessitent. Nos officiers ont eu leurs tentes dès le premier jour. Et chaque soldat porte un morceau de son abri. Réunis ils forment une guitoune pour plusieurs d'entre eux. C'est rudimentaire, mais au moins sont-ils au chaud et au sec. Ce sont les soldats eux-mêmes qui les ont inventées et elles répondent exactement à leurs besoins. Si les anglais n'étaient pas aussi snobs, ils auraient adopté ce système depuis longtemps, mais que veux-tu ?

Il faut dire, que nous avons aussi pensé à emmener des chariot de transports et les bêtes de somme allant avec eux, des ambulances aussi, enfin tout le nécessaire qui devrait aller de soi lorsque l'on s'apprête à livrer une guerre loin de son pays. La supériorité du bon sens français !

Mais qu'il est chauvin ! Pensa Cassandre en levant les yeux au ciel.

Higgins, le jeune caporal anglais, m'a décrit les lieux de manière si poétique, que je m'y vois déjà. J'imagine ces paysages. Malgré le combat, la mitraille, il m'en a dessiné un fascinant tableau. Duvert à la fibre moins lyrique, c'est le fils d'un boutiquier de Calais et pour lui tout est une question de chiffres, tant de livres de blé, tant de salades, tant de soldats, tant de canons.

Les choses sérieuses commencèrent le 19 septembre. Au petit matin les troupes se mirent en marche. Les français ont alors reçu le soutien de quelques 7000 ottomans et avancèrent au centre et sur le côté droit. Les anglais, avec leur cavalerie légère prirent le flanc gauche.

Duvert, comme Higgins me racontèrent à quel point la marche fut difficile. Le terrain est une sorte de steppe nue, sans arbres, sans ombre, sans eau.

Mais bientôt derrière les meules de blé et de foin qui parsemaient çà et là la vallée, ils purent voir les éclaireurs russes.

Les premières avant-gardes de la cavalerie et l'artillerie sortirent d'un village près du fleuve et se déployèrent.

Et aussitôt que la cavalerie anglaise fut en vue, les russes formèrent une ligne et commencèrent à faire feu, mais quand les britannique répondirent, ils se retirèrent immédiatement. Ils voulaient seulement tester les alliés.

Des dragons portant des uniformes blanc et chevauchant des chevaux gris s'élancèrent alors au galop pour couvrir leur retraite. Hélas pour eux, dans la confusion qui régnait déjà, leur propre camp les prit pour un corps de cavalerie français (qui ne porte pourtant pas les mêmes couleurs) ouvrit le feu et en tua près d'une vingtaine. Imagine ça sœurette ! Les c... je n'écrirais pas ce qui me vient en tête.

Plus loin, les armées russes serpentaient sur les pentes qui dominaient l'Alma. Le lit de la rivière dessine à travers la plaine une sorte de plateau de 150 mètres de haut. Il forme comme un amphithéâtre découpé de ravins et d'arêtes rocheuses sur lequel était déployé des batteries de canons de leur infanterie, quelques tentes protégeant leur état-major. La nuit tomba et les hommes se préparèrent pour la nuit, les feux couvraient la plaine et la colline.

Quand les loups se mangent entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant