Chapitre 81 (partie 1)

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Cassandre souleva une paupière.

Un exploit.

La peau de son visage la tiraillait atrocement, Joshua avait eu beau le laver et retirer les dernières traces de poudre de phosphore, le mal était fait. Elle craignait d'avoir la figure recouverte de cloques. Elle n'avait qu'à espérer qu'elle guérirait aussi vite qu'à l'accoutumée.

Mais entre cette brûlure, ses côtes douloureuses là où ce Jack talons à ressorts (quel surnom idiot) l'avait frappé et la seule douleur de cette nuit pour laquelle elle ne se maudirait pas, due à ce sinistre individu qui dormait du sommeil de juste, la main posée son sein, son corps aurait beaucoup à faire. Peut-être devrait-elle porter une voilette ?

Joshua reposait, les lèvres mi-closes, paisible comme un nourrisson. Quel choix de mots étranges ! Il n'y avait pourtant rien d'innocent dans ce qu'ils avaient fait au petit matin. Cassandre se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Au prix d'un effort surhumain, elle tendit la main et caressa son visage, il entrouvrit les yeux et malgré la pénombre de la pièce et ses rideaux tirés, elle fut saisie par leur éclat jaune. Il bascula légèrement et embrassa sa paume. Un sourire paresseux étira sa bouche.

Il affichait un air de parfait contentement malgré la fatigue et la position assez inconfortable dans laquelle il se trouvait. Le lit de Cassandre était si petit qu'il était recroquevillé en chien de fusil mais cela avait un avantage non négligeable, la jeune femme était lovée contre lui et il sentait son corps tiède, sa peau soyeuse était à portée de baisers.

– Bonjour ma déesse.

– Bonjour.

– Pas de petits noms tendres ?

– Comme quoi ?

– Mon tigre, mon beau guerrier, mon héros...

– C'est tout ? Pas mon être suprême qui éclaire le monde par sa sagesse et sa grandeur ?

– C'est un peu long mais pourquoi pas, je ne suis pas contre un peu d'emphase.

– Moi, ça ne me plaît pas du tout.

– Alors que penserais-tu de mon amour ?

Elle acquiesça presque timidement.

– C'est mieux.

– S'il le faut, je saurais m'en contenter.

Le sourire de Joshua allait d'une oreille à l'autre.

– Vous êtes trop bon mon seigneur.

– J'essaie de faire plaisir au petit peuple. Comment te sens tu ? Demanda-t-il plus sérieusement.

– Si le petit peuple n'était pas si épuisé, il te donnerait une bonne taloche pour te faire passer le goût de l'arrogance. Mais j'ai pris une grande décision.

– Laquelle ?

– Je ne bougerai plus jamais de ma vie. Ce sera le premier commandement de ma nouvelle religion.

– Hum, c'est un précepte qui me parait prometteur, puis-je me joindre à toi ? Je deviendrai ton Grand Prêtre. Demanda-t-il tout en caressant distraitement son sein.

– Tu déroges déjà à la règle. Tu ferais un moine déplorable, tu es radié de l'ordre. Je t'excommunie.

– Parce que ça compte comme un mouvement ? Ta doctrine me parait bien difficile à suivre.

Du doigt il agaça son téton dressé.

– Oui, très, asséna-t-elle après un soupir haché.

– Alors je me fais hérétique. Je suggère un nouveau dogme : nous ne bougeons simplement pas de ce lit, il sera notre royaume céleste.

Quand les loups se mangent entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant