Arcas suivait le même chemin qu'avait emprunté la brigade légère dans la matinée. Il parcourut des parcelles plantées de ceps de vignes dont la terre avait été labourée par les sabots des chevaux. Puis le terrain se dégagea et les vignes firent place à une plaine herbeuse sèche et désolée. Au loin il vit une masse, il s'en approcha. La guerre était un petit poucet macabre.
Un cheval mort.
Son cavalier sous lui, la jambe cassée essayait de se libérer en pleurant de douleur et de frustration. Arcas souleva le corps de l'animal et tira par le col l'anglais qui libéra son pied en hurlant. Des hommes portant un brancard, alertés par ce cri accoururent, ils prirent en charge le malheureux.
Arlon continua d'avancer et il se retrouva rapidement au milieu d'un spectacle qui lui parut irréel. Une brume de poussière, de poudre à laquelle s'ajoutait une vapeur rougeâtre de sang vaporisé flottait tout autour de lui. De temps à autre, il devinait, l'ombre fantomatique d'un cheval perdu dans le brouillard, d'un soldat désorienté s'appuyant sur une lance, claudiquant vers... quelque part.
Seul des râles d'agonie perçaient le silence.
C'était comme errer dans les limbes.
Pendant un instant il se demanda s'il n'était pas mort sur la colline Fedyukhine. Est-ce qu'il allait rejoindre ses parents ? Il ne verrait plus Cassandre. Il ne verrait plus Diana.
Il s'ébroua, non, il n'était pas mort. Il se cogna l'orteil sur un fichu boulet. Après avoir sautillé sur place en maudissant le dieu des coins de table, pieds de lit et boulets qui traînaient n'importe où, il se baissa pour observer son bourreau et le trouva dégoulinant de sang. Il sursauta en entendant un hennissement déchirant tout proche.
Il s'empara d'un sabre dont son propriétaire n'aurait plus l'usage et dégaina son pistolet, il était encore chargé, il n'avait pas tiré une seule fois depuis ce matin.
Il commença sa sinistre besogne. Il acheva des dizaines de chevaux dans les heures qui suivirent.
La cavalerie !
Pourquoi sacrifier des animaux n'ayant rien demandé à personne ? Ils n'avaient pas pris les canons aux russes. Ils avaient seulement envoyé des êtres vivants à la mort. C'était un terrible gâchis !
Là-haut, les touristes avaient eu un spectacle dont ils se souviendraient. Qu'ils boivent donc du champagne et qu'ils s'y noient tant qu'ils y étaient !
– John ! John !
C'était une femme qui appelait. Sa voix était suppliante. Certains militaires anglais étaient venus en compagnie de leurs épouses. Il chercha à la rejoindre, parcourir cette zone n'était pas sans danger. Des pillards, des tireurs embusqués parcouraient certainement la plaine, mais il était incapable de savoir d'où son appel provenait. À droite. À gauche...
Il devina au loin un soldat au pas hésitant qui trébucha et tomba dans un cratère d'obus. Arcas l'entendit crier. Il s'approcha et le retrouva recroquevillé sur lui-même, pleurant comme un enfant. Il le remit debout et après avoir vérifié qu'il n'était pas blessé le renvoya dans la bonne direction.
– Allez mon gars ! Tu y es presque faut pas rester là ! Avance !
– Ils nous ont dit d'avancer. Obéissez aux ordres ! Chargez !
Les épaules secouées de tremblements, il se mit à marcher.
– Chargez ! Chargez ! Murmurait-il.
Après l'avoir suivi des yeux un instant, Arcas se retourna et se figea, la lumière du jour baissait et ce brouillard puant couvrait la plaine, mais là, il y avait une silhouette qui lui arracha un frisson de pure horreur. Longue, maigre, les doigts démesurément effilés. Elle était penchée sur un corps et...
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Quand les loups se mangent entre eux
Übernatürliches1854 Les jumeaux Cassandre et Arcas sont des meneurs de loups. Une hérédité dont ils se seraient bien passés. Elle vient de couter la vie à leurs parents, assassinés par de mystérieux hommes en noir, possédant des pouvoirs surnaturels qui même à l...