Chapitre 74 (Partie 3) Diana et Arcas

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À minuit, entourée dans une épaisse couverture de laine, Diana alla ouvrir sa fenêtre.

À peine avait-elle poussé le vantail, qu'elle vit deux mains longues et puissantes s'accrocher au rebord et Arcas se hissa d'un bond à l'intérieur. S'il était renvoyé de l'armée, il aurait une carrière toute trouvée de cambrioleur.

Spider, roulée en boule devant le poêle à bois leva la tête. Lorsqu'elle reconnut l'envahisseur qui fermait les volets derrière lui, elle retourna à ses rêves.

– Je me sens protégée. Tu fais un chien de garde pitoyable Spider ! Jimmy avait raison. Ça m'apprendra à recueillir un chien des rues, déclara Diana. Son sourire démentait pourtant ses propos. Tant qu'on parle de sac à puces, où est Cerberus ?

– Je l'ai confié aux bons soins de Fotoula. La petite était ravie.

– Et c'est à moi que vous reprochiez de m'occuper de Jimmy ! Alors que vous êtes gaga de cette enfant !

– Pfff ! Gaga ! Rien à voir ma chère. Il se trouve que mon chien l'apprécie. C'est tout !

Aucun d'eux n'était dupe.

Le silence retomba. La jeune femme le trouva si intenable que pour le meubler, elle se mit à jacasser sans discontinuer.

– Avez-vous dîné ? Finit-elle par lui demander à court de sujet. Nous avons eu une soupe et une sorte de ragoût de poisson pour notre part.

– Vous m'en direz tant !

– C'est un établissement tout à fait correct. Vous avez fait un choix des plus heureux.

– Vous m'en voyez ravi.

– Cette chambre est petite, mais correctement agencée. J'y serais très bien tant que notre propre auberge ne sera pas construite !!!!

Sa voix partie dans les aiguës quand elle le vit déboutonner sa veste qu'il posa tranquillement sur une chaise.

– Vous êtes nerveuse Diana ?

– Non !

– Non ?

– Peut-être un peu. Cela fait longtemps et je n'ai pas gardé de bons souvenirs de ces... expériences. Je suis certaine que les choses ne peuvent pas être pire ! Il leva un sourcil qui s'arqua en un parfait accent circonflexe. La concurrence laisse à désirer, continua-t-elle. Pas que vous ne puissiez pas vous mesurer à une plus forte concurrence ! Elle ne réussissait plus à s'arrêter de parler. Mais je me dois d'être honnête avec vous. Vous pourriez changer d'avis en l'apprenant et repartir sans plus jamais vouloir me revoir, mais Richard n'a pas été le seul homme à... enfin vous voyez ? Son hochement de tête fut presque imperceptible, mais elle dut s'en contenter. Si l'on m'a mariée à lui si jeune, c'était pour dissimuler que j'étais tombée enceinte des œuvres d'un autre homme. Le précepteur de mes trois frères. C'est à peine si je me souviens de lui aujourd'hui. Il s'était montré gentil avec moi et j'avais pris sa bienveillance pour de l'amour et...

– Et il a profité de la gamine que vous étiez.

– Il ne m'a pas forcée !

– Bien sûr que non ! Du moins il ne vous en a pas donné l'impression. Mais il a vu que vous aviez besoin d'affection et a su en tirer avantage. Je suppose que lorsqu'il a été mis devant ses responsabilités, il a joué les filles de l'air.

– Il m'a dit que nous nous enfuirions, j'avais fait ma valise, et je l'ai attendu toute la nuit... Les épaules de Diana s'affaissèrent, encore aujourd'hui, comme elle pouvait s'en vouloir d'avoir été aussi naïve ! Au moins au début, elle avait eu la consolation de pouvoir serrer sa fille dans ses bras, mais même cela on lui avait retiré.

Quand les loups se mangent entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant