Chapitre 77 (Partie 1) Le club de boxe

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Après leur petit-déjeuner, Cassandre avait suggéré que Joshua se rende à son club de boxe. Elle avait eu pitié de lui ou alors de leur décorateur, car elle n'était pas certaine que le pauvre homme survive à la journée si son mari le voyait encore envoyer au rebut un de ses meubles favoris. Lord Blake avait décidée faire preuve de bonne volonté mais il avait à l'occasion une nature possessive et sentimentale.

Quand elle avait entendu qu'on commençait à s'activer du côté de la chambre de son cher et tendre époux. Elle poussa le géant ronchon vers la sortie pour qu'il aille se défouler sur quelqu'un d'autre que "l'Artiste". Une fois la porte refermée derrière lui, elle monta les marches quatre à quatre pour voir des ouvriers sortir le matelas de son mari de ses appartements.

– Mr Miller, avait-elle apostrophé le décorateur, puis-je savoir où est censé dormir lord Blake ce soir ?

Il supervisait l'avancée du "Grand Vide", tiré à quatre épingles, appuyé sur sa canne et masqua bien vite l'ombre du sourire goguenard qu'il avait affiché l'espace d'un instant. Il lui répondit d'un ton trop mielleux pour être franc :

– Le temps que nous réaménagions la chambre de milord, nous avions compté sur le fait que le maître de séant partagerait la vôtre. Le majordome m'a assuré que cela ne poserait aucun problème aux jeunes mariés.

Mais pour qui se prenait ce dandy à deux sous ?

– John a dit cela ? Demanda-t-elle d'une voix sans timbre.

Mr Miller hocha la tête avant de préciser :

– John...Votre majordome.

– John et son strabisme ?

– Euh oui, je crois bien qu'il s'agit de lui, répondit-il gêné.

– Il faut croire que cela lui donne une mauvaise évaluation des distances. Ma chambre est dotée d'un... lit de poupée ! Vous voulez forcer mon mari à dormir assis ?

– Avec quelques coussins...

Il ne termina pas sa phrase, les yeux de la jeune française se mirent à jeter des éclairs. Il trébucha quand elle fonça sur lui. Quand il eut repris un semblant d'équilibre, elle lui martela la poitrine avec son index. Il avait l'impression d'être percuté par un bélier qui à chaque coup le faisait reculer d'un bon mètre. Comment une si petite créature pouvait asséner des chocs pareils se demanda-t-il ?

– Je pense Mr Miller que nous allons immédiatement avoir une conversation. Puisque la mise au point de tout à l'heure n'a visiblement pas suffi à mettre les choses au clair et que vous ne pouvez pas vous empêcher de prendre des initiatives. Où est votre assistante ? Il va vous falloir prendre des notes. Je déteste avoir à me répéter.

La demoiselle sortit de la garde-robe en noircissant son carnet justement. Christine sur ses talons lui disait qu'une pièce si petite était une honte, qu'elle ne pourrait pas y ranger la moitié de ce que milady prévoyait d'acheter (première nouvelle) et qu'il fallait absolument y remédier de toute urgence car quand il lui arrivait de croiser d'autres femmes de chambres au square par exemple, elle ne savait plus où se mettre.

Les yeux de la collaboratrice de Mr Miller s'arrondirent derrière ses petites lunettes quand elle vit son patron plaqué au mur essayant de s'éloigner d'une lady Blake qui apparemment le terrorisait.

– Miss Hicks ! Notez bien que le lit de mon mari reste ici et rien ne sortira de cette pièce, indiqua-t-elle, avant que nous ayons trouvé de quoi le remplacer de manière satisfaisante.

– Milady, n'ayez crainte, c'est l'affaire d'une journée ou deux, j'ai déjà en tête un lit bateau italien décoré d'une ravissante marqueterie qui...

Quand les loups se mangent entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant