Impardonnable Tome Deux

Chapitre 5

Être mère à vingt quatre ans ne m'avait jamais effleuré l'esprit. Disons que ça n'avait jamais été une priorité. Ma vie était rangée. J'avais toujours tout prévu. Ma vie, ma carrière et mes études. Les hommes à l'époque me paraissaient un dilemme insurmontable pour arriver un jour à les comprendre ou bien même sortir avec après de nombreux coups de leur part. J'avais tout prévu sauf bien sûre de rencontrer les jumeaux Hadès aussi attirants que diaboliques, détenteur de ses événements cataclysmiques depuis notre rencontre jusqu'à aujourd'hui. J'avais vraiment tout prévu sauf tomber un jour éperdument, désespérément et follement amoureuse de Conrad puis par finalement succomber au charme magnétique de Connors, son frère.

J'avais vraiment tout prévu sauf bien sûre être enceinte après notre rupture. Qui plus est de jumelles! N'est-ce pas le comble de l'ironie? Moi qui voulais absolument fuir des jumeaux, me voilà cette fois avec des jumelles. Toutes deux ressemblant à leur père! Était-ce le karma ou bien les gènes? Qui sait! Je ne savais plus quoi penser lorsque Amalia et Amélie grandissaient et ressemblaient de jour en jour à leur père.

Père que je tentais vainement d'oublier mais qui toutefois s'avérait être une échec cuisante. Qu'importe cependant! Dès que l'infirmière me les avait mises dans mes bras, je suis tombée amoureuse. Ce fut un amour inconditionnel, indescriptible et puissant. D'un regard, par leur façons de tenir mon doigt et de s'y accrocher, d'ouvrir les yeux afin de me voir, je fus comblée. Je fus vivante. C'était ça. Comme un second souffle.

À cet instant précis, j'avais néanmoins juré une seule chose en les voyant toutes petites et fragiles. De ne laisser aucun des frères Hadès ni même leur parent de s'approcher d'elles. Cette promesse solennelle, j'ai réussis à la tenir pendant bientôt cinq ans mais aujourd'hui j'avais lamentablement échoué à cette quête. Protéger mes filles de cette famille dévastatrice.

Rien qu'en entendant la voix du docteur Cassandra, je sus au tréfonds de mon âme qu'elle me cachait quelque chose. Et quelque chose de grave! Et c'était l'état de ma famille. Celui d'Aurora, d'Amalia et d'Amélie. Je l'entendis me parler toutefois je n'arrivais point à entendre ce qu'elle me disait. Mes oreilles sifflaient tandis que ma vision se brouillait au fur et à mesure lorsque les larmes s'écoulèrent sans que je pus les contrôler.

-"Madame?" me demanda mon interlocutrice inquiète à l'autre bout du fil alors que je n'arrivais plus à aligner un mot après l'autre.

-"J'arrive," lui dis-je d'une voix enrouée.

Tel un automate, je mis le premier manteau trouvé et pris mes clés, direction; l'hôpital. Ma peur venait de laisser place à un sentiment effroyable, me ravageant de l'intérieure tel un feu indomptable. La peur vous tétanise, vous empêche à agir de façon rationnelle. Néanmoins, à ce moment, ce ne fut point la peur qui dictait chacun de mes gestes. Ils venaient automatiquement.

Non, ce n'était pas la peur qui me poussa à conduire à plus de 100km/HR. Ce ne fut point elle qui m'empêchait de respirer correctement. Ce fut tout simplement le désespoir. Le désespoir de tout perdre. Ma meilleure amie, mes deux filles, ma vie, mon semblant de paix et d'amour qu'elles seules me procuraient.

Pourquoi le monde s'avérait à être cruel? J'ignorais la réponse même si la solution semblait d'éradiquer les frères Hadès. Du moins, Conrad, l'auteur de cet accident. J'aurais mis ma main au feu que c'était bel et bien lui qui avait tout orchestré comme auparavant. Cependant, une seule chose clochait. Pourquoi tenter de les tuer alors qu'il pensait qu'il était le père?

Même s'il ne l'était pas, Conrad croyait dur comme fer qu'il était le père biologique de mes filles que je cillais en songeant à notre conversation de plus tôt. Et si...