-"Tu es un homme mort!"
Sa voix fut comme un lointain bourdonnement alors qu'il se tenait près de la porte qu'il venait de défoncer. Interdite, ma bouche s'ouvrit, voulant l'appeler lisant dans ses aigue-marine de la haine. Sentiment qu'il n'avait jamais éprouvé à l'égard de son frère jumeau.
Nos yeux finirent par se rencontrer. Les miens sûrement rougis et honteux tandis que les siens baignaient dans un marécage gluant de colère et de tristesse. Ce fut la dernière chose que j'aperçus alors que mes paupières voulurent se fermer pour ne plus jamais s'ouvrir. Je voulais, à cet instant précis, partir très loin sans jamais me retourner, sans jamais à croiser ses aigues-marines si beaux mais pourtant si destructeurs.
Moi qui à un moment donné les avais aimé, cet amour semblait se dissiper tel un voile. Je compris que j'avais été aveuglée par ce sentiment maudit car j'avais creusé ma propre tombe en sautant d'un frère à l'autre.
Ce fut la raison qui me poussa à fermer les yeux. Le cocktail d'émotions qui m'assaillit fut comme l'effet des couteaux se plantant en moi. Comment pourrais-je me regarder? J'étais dégoutée par ce que Conrad m'avait fait. Honteuse par le flot de sentiments qu'engendrait Connors en moi. Fâchée contre moi de ma soumission envers l'aîné des jumeaux Hadès en succombant à ce fruit défendu dont je continuais à mon grand malheur à payer le prix aujourd'hui.
Était-ce lâche de ma part de ne pas confronter la vérité que je cherchais tant à découvrir quitte à me disputer avec Connors?
La réponse était oui.
Pourtant je savais que le plus dur fut que c'était malheureusement impossible pour moi. Du moins pas maintenant. Pas lorsque je revis tous les sévices que Conrad m'avait fait ce soir-là. Les unes toutes plus perverses que les autres. Ses mains s'aventurant sur ma peau, couvertes de bleues, descendant, me tripotant, me faisant atrocement mal alors que j'avais demeuré immobile sur le lit, alanguie, sans force, presque morte, ne luttant plus.
Mais le pire fut que tôt ou tard j'ouvrirais de nouveau mes yeux afin de contempler mon reflet, voir le fait qu'il m'avait brisé plus que je ne le croyait. Qu'il m'avait violé sans éprouver aucun remords. Parce que je me souvenais maintenant de ce sourire plaqué sur son visage lorsqu'il accéléra ses coups de reins, lorsqu'il serra encore une fois mon cou, comme si le fait de me voir impuissante n'était pas suffisant pour lui et que me voir mourir dans ses bras, ses doigts enserrer mon cou et qu'il détenait tout pouvoir sur moi était plus jouissif que d'être en moi, en me prenant sauvagement.
Recroquevillée, toujours sous le choc, les yeux fermés, priant que peut être qu'ainsi, qui sait, l'ange de la mort viendrait prendre mon âme, du moins, des restes, je me mis en boule, ne m'inquiétant guère des sirènes, des coups, des paroles deblattérées par Conrad tellement tous ces souvenirs m'avaient fragilisé. Toute mon énergie, il me l'avait prise. Conrad avait pris tout ce que j'avais finalement. Et sentir que ma peau garderait à jamais son odeur me fit serrer les poings, impuissantes.
Plusieurs questions fusèrent dans ma tête. Toutes, me démontrant que si j'avais pu me défendre, ou bien même, si j'avais coupé tout contact avec les deux frères, rien ne m'aurait arrivé.
Les larmes ruissellèrent sur mon visage. Pourtant, je ne pris même pas l'initiative de les essuyer. Que ces deux frères virent ce qu'ils avait engendré. Qu'ils virent qu'ils m'avaient tué malgré que je fus vivante car ils avaient pris quelque chose de vital en moi que rien ne pouvait hélas remplacer. J'étais morte de l'intérieure. Ses souvenirs m'avaient brisé malgré le fait que ces derniers m'avaient montré la dure et insupportable vérité qu'on m'avait caché depuis ces cinq longues années.
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Impardonnable Tome Deux
Genç Kız EdebiyatıOn a tous un passé qu'on aimerait oublier. Peut importe le temps qu'il faudra, certaines séquelles prennent du temps pour guerir. Et c'est le cas de Rebecca. Cinq longues années se sont écoulées depuis cette nuit fatidique. Cinq longues années se...