Chapitre 70

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Ma tête reposa sur son dos, nos doigts entrelacés, mes mains mouillées de ses larmes.

Il avait certes cessé de pleurer depuis longtemps pourtant Connors demeura blotti dans mes bras. Plongé dans un agréable silence, nous restions ainsi devant la tombe de Conrad. Ni lui ni moi n'osa briser ce silence apaisant.

Admirant le ciel, j'aperçus que le soleil allait bientôt se coucher. Voyant les couleurs rougeâtres baignant le ciel, une larme roula le long de ma joue.

Quelle vue spectaculaire.

Ce fut magnifique.

Mon coeur se serra alors que je m'extasiais devant l'horizon. 

Conrad ne verrait plus le coucher du soleil désormais.

J'espérais toutefois où qu'il fut, il était heureux.

Une brise vint caresser aussitôt mon visage à cette simple pensée.

Mon coeur se gonfla d'affliction en repensant à lui.

Un tumultes de sentiments tiraillaient mon âme. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'il nous avait quitté. Tout me parut trop irréel.

Me sentant observée, mes yeux s'arrimèrent à cette paire d'aigues-marines, toujours rougis mais qui toutefois, n'avait pas perdu de son éclat.

Connors s'étant retourné brusquement vers moi, me tira de mes pensées moroses. De son doigt, il essuya la larme qui roula le long de ma joue. Un léger sourire s'incurva sur ses fines lèvres.

-"Des asphodèles?" me demanda-t-il, sourcils froncés, me prenant de court.

Je regardais le bouquet sur la tombe de Conrad, la bouche entrouverte.

-"C'est synonyme de pardon," murmura Connors me dévisageant intensément.

-"C'est la vendeuse qui me l'a recommandé. J'ignorais quel bouquet prendre," lui avouais-je. -"Je ne lui ai jamais dit que je l'avais pardonné. J'ai préféré toujours fuir cette question. J'avais peur de lui cependant au manoir, il... il y a eu un moment où j'ai reconnu le Conrad d'autrefois."

Connors hocha simplement sa tête, avec un air compatissant.

-"Conrad n'a jamais eu de fleurs préférés," me dit-il soudain, regardant la tombe de son frère. -"Il aimait certes les fleurs mais il n'avait aucune préférence,"

-"C'est pour ça que tu n'a pas apporté de fleurs," compris-je, m'apercevant que maintenant qu'il était venu les mains vides.

Il hocha à nouveau la tête.

-"Il aimait quoi alors?" lui demandais-je, voulant qu'il s'ouvrit à moi surtout sur Conrad.

En guise de réponse, Connors sourit nostalgique.

-"Les animaux, surtout les chiens. C'était avant son internement néanmoins," me dit-il, les yeux embués de larmes, sa prise sur mes mains se resserrant avant de se retourner, m'évitant.

Impuissante devant ce mur qui me parut infranchissable, devant ses remords qui le détruisaient à petit feu et qui se voyaient, je le serrais dans mes bras.

-"Tu veux rentrer?" lui demandai-je, ma tête s'avançant au creux de sa nuque, évitant de lui raviver d'autres souvenirs.

-"Restons encore quelques minutes,"

-"D'accord," murmurais-je.

-"Tu n'es pas venue à l'église, n'est-ce pas," éluda Connors.

Comme réponse, je grimaçais.

Impardonnable Tome DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant