Impardonnable Tome Deux

Chapitre 38

-"C'est quoi ce bordel?" jura Dimitri, abasourdi, le sac toujours dans sa main, me dévisageant avec incompréhension. -"Comment savais-tu ce qu'il contenait?" répliqua-t-il de plus en plus surpris.

La tête baissée, les paroles d'Aurora me revinrent brutalement, se jouant en boucle dans ma tête. Le souffle haché, je m'appuyais contre ma voiture, ce mauvais pressentiment ne me lâchant plus désormais. Au contraire, il devenait réel. Tout ce que je craignais se concrétisait. Conrad était derrière les barreaux mais rien n'était encore terminée. Ma vision se brouilla subitement en voyant le contenu du sac tandis que je peinais à reprendre mon souffle, chamboulée par cette découverte.

Au moins, le message était clair!

Soit on voulait me mettre l'accident sur le dos ou bien on voulait me rendre folle, si ce n'était pas déjà le cas après ce qui s'était cette nuit et les révélations qui s'étaient vite suivies !

-"Becca? Becca?"

Je relevais la tête au bout d'interminables secondes qui me parurent des heures à cette voix rassurante. Des yeux chocolats se soudèrent aux miens. Avec tendresse, Dimitri releva mon menton, l'inquiétude se peignant sur son visage en me voyant désemparée, au bout du rouleau.

-"Tu trembles comme une feuille, ma belle. Je te ramènes chez toi. Tu n'es pas en état de conduire, Becca,"

Retirant son manteau, il le mit sur moi, ses yeux marrons ne me lâchant plus, tentant de me réconforter tout comme son sourire.

-"Viens, allons-nous en," me dit-il en attrapant ma main, la serrant dans la sienne.

Toutefois, je ne bougeais pas d'un poil, un long frisson me parcourant me sentant soudainement épiée. Le front plissé tout comme mes yeux, je fixais un point devant moi.

Était-ce la paranoïa, cette subite sensation de ne plus me sentir en sécurité et être constamment dans le collimateur d'un fou furieux ou bien la folie qui m'empêchait de penser de façon rationnelle ou d'avoir une quelle contre action ou pensée cohérente? Néanmoins, je persistais à fixer cette ombre, prêt de la porte qui finalement se mouva, ou devrais-je dire se dématérialisa en un éclair.

Un hoquet de surprise, mêlée de peur s'échappa de ma bouche avant que je me dégageais de l'emprise de Dimitri qui me laissa courir, hurlant à plein poumons mon prénom. Mais je n'y fis guère attention, trop préoccupée à découvrir qui m'épier.

-"Becca! Tu comptes bien me dire ce qui se passe?" s'impatienta Dimitri agacé lorsqu'il me rejoignit. -"Tu es toute pâle, ma belle,"

D'une voix plus amène, il me parla mais aucun son ne sortit de ma bouche. J'avais bien vu une personne et c'était une femme. Ses cheveux virevoltaient. J'avais pu le remarquer. Certes, il ou elle pouvait très bien porter une perruque afin de m'induire encore une fois en erreur. Mais, j'en étais maintenant certaine que ce n'était plus Conrad. Il était en prison. Et pourtant, cela ne me rassura guère.

-"Hey! La terre appelle Becca!" fit Dimitri en mettant sa main devant moi.

-"Tu... Tu disais?"

-"Qu'as-tu vu? Ne me mens pas. Tu as dû bien voir quelque chose pour que tu cours aussi vite!"

Mes yeux croisèrent les siens. Il avait dû certainement apercevoir ma crainte car il enlaça nos mains ensembles, son visage se rapprochant dangereusement du mien, ses yeux chocolats me scrutant intensément avant de s'adoucir lorsqu'il comprit que je ne cracherais point le morceau. 

-"Viens, je te ramène chez toi," déclara-t-il changeant brusquement de sujet. -"Je comprend que tu ne fais confiance à personne et que ces derniers temps ont été durs pour toi, alors, n'en parlons plus. Qu'en dis-tu?"