Chapitre 43

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C'était hélas trop tard. Je sentis une présence derrière moi mais je n'eus point le temps de me retourner, de m'enfuir que je me sentis reculer. Une main se posa sur ma bouche,  m'empêchant de crier, d'alerter les passants. Ma vision se rétrécit tout à coup. Un sentiment de déjà-vu m'assaillit. Je me revis subitement cinq ans plus tôt en cette poupée de chiffon qu'on avait brutalisée.

Le visage de Conrad m'apparut soudainement. Son sourire mesquin, ses yeux bleus dont la noirceur n'inspiraient rien de bon... Aussitôt, les larmes cascadèrent le long de mes joues sans que je pus me retenir, me souvenant de mes larmes à l'époque qui n'avait guère attendri mon bourreau et qui n'attendrirait certainement point mon ravisseur aujourd'hui. Je sentis ma gorge se resserrer et mon corps fléchir, m'abandonnant, s'affaissant, en proie à une terreur sans nom.

Avec le peu de force qui me resta malgré la terreur qui me paralysa, je me débattus contre mon agresseur, essayant de me défendre. Toutefois, lorsque je sentis cette main se retirer de ma bouche et enlacer à ma plus grande surprise avec une tendresse méconnue ma taille, je cessais immédiatement de me débattre, reconnaissant l'effluve de ce parfum boisé et familier.

-"Becca?"

Cette voix inquiète me sortit de ma torpeur. Mon coeur rata un battement à cette voix.

Cette voix que je reconnaîtrais les yeux fermés.

Ce timbre rauque, cette voix de gorge ne pouvait qu'appartenir qu'à lui. Ce souffle brûlant contre ma nuque n'était autre que le sien. Cette poigne ferme qui pourtant demeura d'une douceur inédite me rassura aussitôt.

Ses mains fermes toujours enserrant ma taille, il me retourna enfin vers lui. Douloureusement, mes yeux, emplis d'incompréhension, remontèrent vers les siens. Vers ses aigres-marines qui me jaugèrent avec cette intensité si troublante que je perdis mes moyens et son éternel sourire en coin qui me faisait toujours fondre malgré mes efforts pour vaincre cette chaleur qui se propageait en moi à chaque fois que je lui faisais face. Pourtant, son léger sourire disparut aussitôt dès qu'il aperçut mes yeux rougis et mes larmes toujours s'écoulant sur mes joues que j'essuyais maladroitement.

-"Becca? Qu'est-ce qui..."

Connors s'arrêta au beau milieu de sa phrase, lâchant un juron lorsqu'il comprit qu'il venait de raviver mes souvenirs en agissant de la sorte. Il me tira vers lui immédiatement, me serrant de toutes ses forces, ma tête se nichant près de son torse saillant, plus musclé même, enveloppé dans une chemise noire, qui soulignait son corps d'Apollon. Elle épousait à la perfection ses biceps qui semblaient serrés dans cette chemise, prêt à déchirer le tissu.

Malgré moi, mes joues s'empourprèrent. Je déglutis péniblement devant le chef d'œuvre qui m'enlaça étroitement, ne me donnant même pas la possibilité de le relâcher. La prise autour de ma taille ne se desserrant point, je relevais ma tête finalement, risquant un regard vers lui. Nos yeux s'arrimèrent . Mon souffle se coupa devant son visage inquiet qui me fixa désolé, un peu honteux.

Sa main remonta vers mon visage, essuyant mes larmes alors qu'un souffle tremblant s'échappa de mes lèvres.

-"Plus de peur que de mal!" pensais-je, soulagée que ce fut lui malgré que je comprenais point la raison qui l'avait poussé à agir ainsi.

-"Je ne voulais pas t'effrayer, ma Becca," me confit-il désolé, ses mains en forme de poings contre mes hanches. -"Tu m'as tellement manqué, mon amour," murmura Connors d'une voix sincère, tout contre ma bouche. -"Je voulais te voir alors j'ai tenté d'échapper aux paparazzis qui me suivaient depuis mon retour. Je suis vraiment désolé..."

Déposant un doigt sur sa bouche alors qu'il se confondait en excuses, je lui souris, même si quelque minutes plus tôt, je frolais la crise de panique.

Impardonnable Tome DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant