Chapitre 69

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-"Tout ceci est de votre faute!" murmura Rosalie, son visage baigné de larmes.

La gifle atterrit aussitôt sur ma joue.

Lorsque je m'étais réveillée, ma partie égoïste mais surtout lâche regrettait amèrement que je pus me réveiller.

La mort d'Alexander, de Conrad, de mon bébé...

J'étais détruite.

Je me sentis coupable.

Et voir Rosalie le lendemain matin à ma sortie d'hôpital ne fit qu'accuentuer ce sentiment d'infamie et de déshonneur.

La douleur me transperça cependant je me tus. Au fonds de moi, je savais pertinemment qu'elle avait raison et que je méritais cette gifle. J'endiguais la douleur, le souffle court avant de relever la tête croisant ses yeux bleus, eux aussi des aigue-marines.

-"Rosalie," s'écria Connors, hors de lui.

Il s'interposa devant sa mère, la faisant brusquement reculer tentant d'atténuer sa colère. Néanmoins, son regard demeurait le même. Il était haineux, désespéré et affligé. Rosalie me scruta longuement, les mains en forme de poings.

-"Laisse, Connors," lui dis-je, sachant qu'elle souffrait de la mort de Conrad.

C'était son fils préféré et le perdre dans de telles circonstances l'avait dû sûrement la détruire.

Les larmes aux yeux, elle se débattit dans les bras de Grégory qui la retenait.

-"Rosalie, cesse de te donner en spectacle," avertit calmement son époux.

Le sang-froid de ce dernier me fit déglutir péniblement.

Aucun signe de tristesse.

Aucun signe de colère.

Il me dévisagea cependant avec un regard indéchiffrable.

-"En spectacle?" s'écria Rosalie choquée, me sortant de mes pensées.  -"Notre fils est mort et tu ne dis rien! C'est de sa faute si Conrad est mort! Et toi, tu la protèges? Ça aurait dû être vous et non, mon fils!"

-"Ça suffit, Rosalie. Nous avons tous perdu quelqu'un," s'interposa Connors/d'une voix ferme, ses doigts se nouant aux miens. -"Tu ignores tout..."

-"Non, ce que je vois me suffit de dire que mon fils est mort et c'est de votre faute," coupa sa mère.  -"Conrad était..."

-"Il était malade," termina Grégory d'une voix grave. -"Que tu le veuilles ou non, notre fils était malade et on dirait bien que sa santé s'était empiré au fil de ces derniers mois."

-"Comment oses-tu parler..."

-"J'ose parce que tu n'as rien fait. Connors et Rebecca étaient certes dans le chalet avec Conrad mais la responsable de sa mort s'est toi, Rosalie," trancha Grégory, imperturbable. -"Depuis le début, tu n'as fait que rejeter ta faute sur les autres mais au fond, tu n'es juste qu'une mauvaise mère et grand-mère," asséna son époux, d'une voix trop calme que j'en frémis.

-"C'est faux," murmura Rosalie, secouant imperceptiblement sa tête.

Contredire son époux ne servit à rien. Le regard qu'il témoignait à son égard fut suffisant pour la faire taire.

-"Nous n'en serions pas là si tu avais accepté que notre fils avait besoin d'aide. Tu l'as rendu ainsi alors ne rejette pas la faute ni à Rebecca ni à Connors. Nous n'avons qu'un fils aujourd'hui, veux-tu le perdre?"

Sa bouche s'ouvrit néanmoins, rien n'en sortit.

-"Cela ne sert à rien. Elle n'est plus ma mère depuis bien longtemps, père," termina Connors d'une voix neutre, entrelaçant ma main avant d'ouvrir la portière de sa voiture, me laissant entrer, laissant ses parents seuls.

Impardonnable Tome DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant