Chapitre 29

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Pourquoi venait-il de me dévoiler encore une fois ses sentiments alors que j'étais si mal au point?

Ne voyait-il pas que j'étais bouleversée?

Ne voyait-il pas ma douleur, mon incompréhension, ma peur, ma détresse? 

Ses yeux sincères et larmoyants croisèrent les miens lorsqu'il prononça ses trois petits mots qui me laissèrent sous le choc.

Ma mâchoire voulut se décrocher alors que Connors tourna les talons, s'arrêtant toutefois près de la porte qu'il avait défoncé. Au bout de quelques secondes, comme si il pesait le pour et le contre de ses paroles, il se retourna finalement. Ses yeux me fuyèrent toutefois. Il n'arrivait pas à me regarder. Un soupir s'échappa de ses lèvres, craignant ma réaction car j'étais tout simplement vidée, anéantie par ce que j'avais subit. Sans force pour entendre la suite. 

-"Je peux dormir sur le canapé?" me demanda-t-il doucement. -"La porte est ouverte et le sera toute la nuit et je... Je ne veux pas que..." débuta Connors avant de s'arrêter au beau milieu de sa phrase, serrant les poings attendant certainement ma réaction sachant qu'il s'aventurait dans un terrain douloureux.

-"Qu'on vienne me faire du mal," voulus-je terminer amèrement à sa place.

Je voulus rire! Pourtant, je n'y fis rien, tellement fatiguée contre Conrad qui m'avait épuisé et détruite.

Qui aurait cru?

Je n'étais même plus en sécurité dans ma propre maison alors que Conrad, cette épée de damoclès qui planait au dessus de ma tête venait d'être enfin arrêté!

-"Je partirai tôt le matin si c'est de cela que tu t'inquiétes. Les filles ne me verront pas," s'empressa d'ajouter Connors tandis que je demeurais silencieuse, ne l'écoutant guère, ne sachant désormais plus quoi penser ni quoi lui répondre. 

Ses aigres-marines finirent par  captiver mes yeux larmoyants dès que je relevais la tête. Ses yeux bleus me dévisagèrent inquiets mais par dessus tout, ils semblaient emplis de remords en me voyant vulnérable. D'un pas incertain, il avança. Pourtant, je reculais immédiatement terrorisée.  Connors me faisait peur. Ce n'était pas lui mais plutôt son visage, sa carrure imposante, ses aigues-marines identiques à ceux de son frère jumeau. Cette image qui persistait à me hanter. Au lieu de le voir lui, ce fut Conrad que je voyais et ces événements qui s'étaient succédés ce soir-là. Connors a dut s'en apercevoir car sa main tendue vers moi retomba par la suite et son regard fut subitement vide. Interdit, l'aîné des frères Hadès me fixa longuement sans pour autant baisser les bras, en s'en allant et me laisser seule comme l'avait fait mon père.

-"Je ne veux plus t'abandonner," admit-il, d'une voix grave. -"Plus maintenant,"

En guise de réponse, je remontais les escaliers, ses paroles se jouant en boucle dans ma tête toujours sous le choc, salie, blessée, avec une migraine insupportable qui fit tournée ma tête.

-"Fais ce que tu veux, Connors," répliquais-je d'un calme olympien alors que j'étais détruite de l'intérieure.

Sans même lui dédier un regard,  même si son regard coulait sur moi, je continuais à grimper les marches.

Je l'entendis prononcer mon prénom. Cependant, je ne me retournais pas sachant du tréfonds de mon âme que je finirai par m'écrouler en pleurs devant lui ou dans ses bras malgré le fait qu'en ce moment précis, j'avais juste besoin d'entendre ses paroles rassurantes même si ses dernières n'étaient pas vraies. Je voulus tout simplement entendre que c'était la fin ou bien que c'était qu'un horrible cauchemar de plus que j'allais bientôt me réveiller au lieu de ce silence de mort et des regards de tristesse, de remords et de pitié qu'il me lançait.

Impardonnable Tome DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant