Impardonnable Tome Deux

Chapitre 30

J'aurais tellement aimé le croire rien que pour cette nuit. Vouloir me bercer dans de fausses illusions, que je me réveillerais tout à l'heure comme si rien ne s'était passé et profiter de cette journée qui venait à peine de débuter mais qui pourtant s'avérait être désastreuse. Malheureusement pour moi, il n'y avait plus de marche-arrière. C'était hélas impossible.

Moi qui cherchait absolument la vérité, j'aurais aimé ne rien découvrir. Vivre dans ce mensonge me simplifiait la vie.

Mais la vérité finit toujours par éclater, n'est-ce pas?

Tout ce qui était caché finit toujours par être dévoilé au final. 

Déboussolée, je fixais le sol, la respiration lourde, sentant un vide au niveau de ma poitrine comme un trou béant qui n'allait jamais être comblé. J'étais morte de l'intérieure mais pourtant vivante de l'extérieure. Je n'arrivais plus à tenir debout. Mes forces semblaient s'amenuiser.  J'ignorais où je puisais ce peu de force miraculeuse qui me fit paraitre un semblant plus fort devant Connors.  Certes, c'était une illusion car tôt ou tard, j'allais craquer. Toutefois je ne voulais pas lui montrer ma faiblesse, pas devant lui alors qui souffrait également.

Je n'arrivais plus à supporter son regard profond. Malgré ses paroles, il demeurait devant moi au lieu de s'en aller. Ce silence devint atroce. Le pire bruit, alors que ni lui ni moi n'ouvrait la bouche. Un fossé s'était creusé entre nous. La culpabilité, la tristesse et cette sensation d'être impuissant nous rongeait l'âme. J'ouvris la bouche, avec cette dernière supplique pour qu'enfin il me laissa tranquille, me laissant seule rien que pour quelques heures avec mes démons, mon passé et le fantôme de son frère jumeau. Pourtant, ses doigts froids rencontrèrent mon menton qu'il releva avec une tendresse méconnue qui serra mon coeur me faisant ravaler ma requête.

-"Dors, Becca,"

Lorsque ses yeux bleus, d'un charme magnétique s'arrimèrent aux miens, je ne pus qu'hocher fébrilement de la tête, loin d'être convaincue qu'une discussion ou bien quelques heures de sommeil pourrait tout remédier d'un claquement de doigt mais pour cette nuit, j'allais l'écouter et non lui tenir tête.

Ses aigues-marines rougis me dévisagèrent avec une troublante intensité tandis que son souffle chaud fouetta mon visage. Il me parut soudainement plus âgé alors qu'il avait à peine trente cinq ans. Son visage semblait différent, tellement triste. Le remords le tiraillait autant que la peur régnait en moi.

Bon sang!

J'en avais marre de son frère, de cette épée de damoclès au dessus de ma tête et de toute cette sordide histoire qui était loin d'être terminée. J'en pouvais mettre ma main au feu que ce n'était malheureusement qu'une infime partie de l'iceberg et que le pire serait plus dur à encaisser. Après tout, on ne savait pas qui avait commandité l'accident!

Mais qu'était-ce le pire après cette révélation?

Mes yeux se voilèrent subitement avant que je les fermais brusquement pensant à mes filles, mon seul rempart. C'était elles qui me poussaient à tenir debout alors que j'étais lassée, dégoutée, furieuse et par dessus tout salie. La cacophonie d'émotions qui me submergea me rendit vulnérable devant Connors, avec cette insupportable sentiment d'impuissance et de faiblesse qui m'empêchait d'avancer.

-"Becca,"

Connors souffla mon nom, inquiet, d'une voix emplie de remords.

-"Sors de ma chambre," lui dis-je d'une voix plus amène, ne voulant point reproduire les mêmes actes que sa mère en le blâmant de mon sort  mais surtout je voulais à tout prix éviter sa pitié, ce regard coupable, ses aigues-marines qui disaient long alors qu'il demeurait toujours silencieux.