Quatorze heures.
Dire qu'il y a deux heures de cela, nous étions encore à Chicago, maintenant me voilà à New-York, ville dont j'avais toujours cru ne jamais y remettre les pieds. Le voyage s'était passé sans problèmes malgré l'enthousiasme de mes filles qui croyaient que nous partions en vacances pour quelques semaines. Enthousiasme que je ne partageais point cependant. Malgré mes sourires en façade, j'avais la tête ailleurs, loin d'être soulagée même si on clamait tous que j'aurais la garde.
-"Trop de coup bas finit par me rendre paranoïaque," constatais-je, en tirant les rideaux de la chambre.
Raison pour laquelle j'avais tout prévu pour que ni Amélie ni Amalia ne purent fouiller ou bien même sortir de la maison de mon père. Je pouvais déjà imaginer leur mécontentement lorsque je leur dirais qu'elles ne pourraient point sortir mais avec des paparazzis cachés partout et le gros titre des journaux sur le retour du fils disparu et son mariage tombé à l'eau, j'aurais dû m'en douter que ce serait hélas pas une chose aisée de pouvoir sortir librement ou bien profiter de Central Park sans ces vautours autour de nous.
Recouvrant mes filles d'une couette alors qu'elles étaient épuisées depuis leur voyage qui avait duré moins d'une heure, je déposais mes lèvres sur leurs fronts puis sortis à pas de loup de leur chambre, profitant de leur sieste pour m'engouffrer dans ma chambre, dans laquelle, j'avais grandi.
-"Ça fait longtemps qu'on est pas venue ici," déclara cette voix que je reconnaîtrais entre milles.
Me retournant, je vis Aurora, à l'embrasure de ma porte, me dévisageant avec un léger sourire qui m'avait manqué. Son regard parcourut la chambre, s'attardant sur le coffre devant le lit autrefois débordant de jouets.
-"J'ai toujours cru que je ne reviendrais jamais à New-York. Je comprend désormais l'expression 'ne jamais dire jamais'," émis-je avec un rire loin d'être gai.
L'incrédulité se peignit sur le visage d'Aurora qui secoua sa tête de gauche à droite.
-"Dans d'autres circonstances, j'aurai ri de ton humour atypique mais je n'ai ni l'envie ni la force aujourd'hui," m'avoua-t-elle, en s'étalant en étoile sur mon lit. -"Tu vas bien?"
-"J'ai connu pire," répliquais-je, loin d'être convaincue par ma propre réponse alors que ma meilleure amie se leva de mon lit, me faisant les yeux ronds avant de me confronter.
-"Sérieusement, Becca. Tu n'as presque rien dit depuis que nous sommes arrivées chez ton père, tu ne fais que parler par monosyllabes. C'est le procès, n'est-ce pas. Pas besoin de lire dans une boule de crystal pour le déduire ou bien," déclara Aurora, en plissant ses sourcils, me guettant attentivement à travers ses longs cils puis déclara d'une voix malicieuse.
-"Ou bien, est-ce que c'est ton beau Apollon qui te manque!"
Je faillis m'étrangler avec ma salive en la voyant mettre ses mains devant elle et imiter des coups des reins sur le lit.
-"Aurora!" m'écriais-je.
-"Ma puce, si tu as besoin de quoi que ce soit..." me dit mon père lorsqu'il passa sa tête dans ma chambre.
Toutefois, il cessa de parler lorsqu'il vit Aurora sur mon lit, avec sa prestation qui lui fit perdre d'un claquement de doigt l'usage de la parole. Sa bouche resta ouverte pendant plusieurs secondes tandis que je demeurais immobile, incapable de prononcer le moindre mot tout comme lui alors que ma meilleure amie cessa tout mouvement malgré que ses mains étaient toujours devant elle.
-"Je... Je repas... repasserai plus tard. Je vous laisse... papoter," continua mon père, toujours choqué avant de déguerpir de ma chambre.
-"T'aurais pu fermer la porte, Aurora!"
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Impardonnable Tome Deux
ChickLitOn a tous un passé qu'on aimerait oublier. Peut importe le temps qu'il faudra, certaines séquelles prennent du temps pour guerir. Et c'est le cas de Rebecca. Cinq longues années se sont écoulées depuis cette nuit fatidique. Cinq longues années se...