Chapitre 44

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-"Je suis toujours fou amoureux de toi..."

Ses paroles me transpercèrent. Elles résonnèrent en moi. La sincérité dans sa voix me prit de court. Son regard profond, son souffle lourd, cette façon unique de me dévisager me firent ciller. Connors s'avança davantage, ses pas lourds délibérément lents se rapprochèrent de moi alors que je restais debout, plantée là, interdite, une myriade d'émotions m'assaillant après ses aveux. Pourtant au lieu de me rejoindre, il resta une bonne distance éloigné de moi, guettant ma réaction, ses aigues-marines luisant d'une certaine appréhension envers moi après sa déclaration. Mes yeux se dévièrent enfin vers lui pour ensuite le fuir en admirant les nombreux tableaux dans la pièce, me rappelant de ses paroles dans son jet lorsqu'il m'avait accompagné pour la transfusion.

-"Qu'as-tu fait pendant ces cinq longues années?" le défiais-je, les sourcils haussés.

-"Travailler et te peindre!"

Son ton ferme et implacable m'avait saisit à l'époque. J'avais cru un instant que c'était vrai. Toutefois, j'avais secoué énergiquement ma tête de peur de retomber à nouveau dans ses bras qui me semblèrent auparavant mon pire ennemi. Cette question qui me torturait de l'intérieure se répétant en boucle dans ma tête. Disait-il la vérité?

Je déglutis  péniblement, aucun son ne sortant de ma gorge, me souvenant de ses paroles lorsque je l'avais constamment défié, croyant qu'il me mentait, qu'il tentait de me manipuler alors que ce n'était que la stricte vérité au final. Il m'avait dessiné. Il m'avait peint. Et ce n'était pas un tableau mais plusieurs.

Je pouvais ressentir sa passion, son amour, sa tristesse, l'ivresse de ses sentiments mais par dessus tout l'impuissance le dominant à travers ses toiles. Tous ces tableaux étaient à mon honneur. Il m'avait peint dans plusieurs positions, certes certaines étaient érotiques mais la passion qu'il y avait mis me laissa sans voix. Émerveillée, je n'avais pas de mot pour décrire exactement le flux de sentiments qui m'habitait néanmoins une chose était claire malgré que je croyais au tout début faux, ses sentiments étaient réciproques, peut être même plus fort que les miens.

Comment avait-il pu dédier cinq ans à me dessiner?

Je l'ignorais. Toutefois, je réalisais aujourd'hui qu'il ne m'avait jamais oublié alors que je m'étais mis en tête qu'il n'était qu'un coureur de jupons, un lâche, se jouant de moi et mes sentiments.

Je l'obnubilais tout comme il était devenu mon obsession!

Je fermais les yeux, tentant de reprendre le contrôle de mes émotions malgré le regard lourd pesant sur moi. Un regard qui en disait long. Un regard de braise qui m'embrasait, qui me caressait, qui me fit sentir unique à ses beaux yeux bleus.

Et dire que plus d'un mois venait de s'écouler après l'avoir vu! Ces cinq années me semblèrent subitement lointain.

Tout ce qui comptait fut lui et qui sait, un avenir que nous pouvions nous construire. Notre amour ne s'était jamais éteint, notre histoire loin d'être terminée. Non, on dirait même qu'il recommençait là où nous nous étions arrêtés.

-"Dis au moins quelque chose," me supplia Connors d'une voix profondément rauque qui me fit rouvrir les yeux, sentant un long frisson parcourir mon corps.

Cette voix dont la supplique me tira de mes pensées me fit relever la tête, le scrutant intensément, la gorge asséchée. Son regard se posa sur moi. Je pouvais aisément sentir ses aigues-marines couler le long de mon corps. Ses yeux bleus me détaillerèrent attentivement. Le silence ne fit que rendre l'atmosphère encore plus électrique qu'il ne l'était déjà. La tension était palpable. Je n'arrivais plus à respirer, son odeur de mâle virile chatouillant mes narines et ses aigues-marines intenses me lançant un appel que je craignais de répondre maintenant. 

Impardonnable Tome DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant