Chapitre 59

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Conrad était donc le père de mes filles.

Plus de doutes désormais.

Je pris plusieurs secondes à assimiler ce que je vis inscrit sur ce papier, ce résultat resta coincé dans ma gorge. Un cocktail d'émotions m'assaillirent mais le pire fut ce que je ressentis au niveau de mon coeur. On dirait que plusieurs lames s'y enfonçaient. Une douleur insoutenable comprima mon coeur. Chaque seconde devint pire que la précédente. Ma vision se brouilla. Les larmes remplirent mes yeux, mon coeur meutrissait ma poitrine tandis que mon âme hurlait devant cette fatalité.

La preuve irréfutable fut malheureusement sous mes yeux. Alors que la vérité m'a toujour obnubilé, devenant près qu'une obsession, elle ne l'était plus aujourd'hui.

Ce vulgaire morceau de papier qui contenait le résultat du test de paternité me donna la nausée. Je voulus le déchirer.

Moi qui voulait clore définitivement ce sujet, je m'étais retrouvée au point de départ avec un doute en moins mais ayant la désagrable sentiment que je venais de perdre quelqu'un d'irremplaçable.

Non, je dirais plutôt que l'enfer s'ouvrait sous mes pieds en sachant que le père de mes filles n'étaient autre que Conrad.

-"Pitié faites que ce soit qu'un rêve! Ça ne peut pas être vrai," prierais-je. -"Faites que ce ne soit qu'un rêve! Un rêve que j'allais très bientôt me réveiller."

Hélas, ce ne fut pas le cas.

Ce n'était pas un rêve.

Toutefois, ce cauchemar prenait vie devant moi. Ce cauchemar fut réel.

Je vis un résultat négatif au bas de la page.

Zéro pourcent.

Je le relus plusieurs fois, n'arrivant pas à y croire.

Peut-être que Connors me faisait une mauvaise blague? Une de très mauvais goût?

Néanmoins, dès que mes yeux s'arrimèrent à cet océan aussi larmoyants que les miens, mes faibles espoirs s'envolèrent. Ils partirent comme de la fumée.

Certes, j'avais la certitude désormais que Connors n'était en fin de compte que leur oncle et non leur père biologique, pourtant, je regrettais amèrement d'avoir ouvert cette enveloppe parce qu'au final, la personne qui souffrait le plus n'était pas moi mais plutôt l'homme que j'aimais.

Des remords aussi bien que de la peine se peignirent sur mon visage devant le sien marqué par la tristesse et l'impuissance. La vérité venait de nous éclater en pleine face.

Mes yeux rencontrèrent cette paire d'aigues-marines rougis alors que le papier glissa de mes mains.

Un lourd silence s'abattit dans la pièce.

J'entendis les battements anarchiques de mon coeur. Je vis ses poings se serrer rageusement mais ni lui ni moi tentèrent de rompre ce silence alourdissant.

Qu'est-ce que nous aurions pu dire pour rectifier la situation?

Connors n'était pas leur père mais leur oncle.

C'était un fait.

-"Connors..." tentais-je me rapprochant maladroitement de lui alors que son regard me fuyait.

Mais je fus interrompue par cette voix ensommeillée que je reconnaîtrais entre mille.

-"Papa!"

Mon coeur rata un battement à l'entente de ce simple mot. Je déglutis péniblement. Un sentiment méconnu pinça ma poitrine, celui de ne rien pouvoir l'aider, lorsque mes yeux s'accrochèrent à ceux de Connors.

Impardonnable Tome DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant