Impardonnable Tome Deux

Chapitre 46

Un dîner en tête à tête.

Rien que nous deux dans son appartement.

Ce fut la première fois qu'on se retrouvait seule à seule sans nos filles.

Certes, au tout début, j'avais voulu décliner son offre, ne pas accepter de me retrouver seule à seule avec lui dans un endroit qui ne m'était point familier et qu'il en était le maître incontesté, pourtant, lorsque j'entrais dans l'ascenseur pour retourner chez moi, je ne regrettais plus ma décision après cette soirée, chargée d'émotions.

Le dîner s'était agréablement bien passé même si je croyais à un moment donné qu'il allait sauter sur moi. Son regard ardent ne pouvait tromper personne. Ses beaux yeux bleus luisaient de désirs. Sa bouche réclamait la mienne, m'appelant silencieusement à la goûter une nouvelle fois et m'y perdre complètement. Son souffle lourd, sa bouche sensuelle...bSes mains s'étant constamment aggrippées contre la table dès que je parlais. En d'autres mots, il était la tentation incarnée, un fantasme inavouable, un doux péché que je craignais de succomber. Ses muscles tendus à l'extrême me mirent la puce à l'oreille qu'il menait une lutte acharnée contre lui-même malgré son visage impassible, inlassablement neutre.

Toutefois, j'eus la confirmation ultime lorsque je vis qu'il n'avait presque pas touché à son assiette contrairement à moi qui avait englouti le dîner. Non pas que je mourais de faim mais plutôt me scrutant si intensément, son regard coulant sur moi telle de la lave, je n'arrivait plus à relever la tête, sentant la pièce devenir plus étroite tandis que l'atmosphère électrisée n'arrangeait en rien à la situation, j'avais préféré fuir cette indéniable attirance que de l'affronter une bonne fois pour toute.

-"Tu ne manges pas?" lui avais-je demandé, essayant de calmer la tension de nos corps.

-"Si,"

Sa voix profondément rauque m'avait fait écarquillé les yeux, sentant que la situation s'échappait de son contrôle malgré sa promesse solennelle de se tenir à carreaux.

-"Je pensais à quelque chose,"

-"À quoi?" lui demandai-je, curieuse, retardant l'inévitable.

Un sourire s'incurva sur ses lèvres alors qu'il tournoya son verre de vin dans sa main, me lançant un regard valant mille mots.

-"Comment s'était passé ta grossesse?" m'avoua Connors, toujours impassible, malgré la tristesse qui marqua ses traits.

Je lui souris tristement en me rappelant ses neufs mois de joie, de tristesse et de colère. J'étais passée dans toutes les émotions possibles à cette époque si noire certes mais si paradoxalement si lumineux dès la naissance de mes filles, mes rayons de soleil. 

-"Au début, je ne croyais pas que j'étais enceinte," lui répondis-je, un sourire en coin, en repensant à ma visite à l'hôpital. -"C'était impossible dans ma tête avant de réaliser que nous ne nous étions jamais protégés. C'était dur au début car nous avions rompu. Ensuite, lorsque mon ventre a commencé à se voir, j'ai décidé de quitter New-York."

-"Pour me fuir?"

-"Je ne voulais plus te voir à l'époque et je croyais que tu ne voulais rien à voir avec moi. Tu m'avais dit que c'était qu'un jeu pour toi et ton frère. Alors,j'ai préféré m'éloigner, ne voulant plus répéter la même erreur avec mes filles,"

-"Je t'ai pourtant téléphoné, Becca," me rappela Connors, les traits tendus.

-"Je sais. Je faisais mes bagages à l'époque. J'ai cru que tu étais au courant pour ma grossesse. Alors, j'ai précipité mon départ,"