Chapitre 4

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Le brouhaha qui régnait dans le réfectoire était incomparable. Rires, bruits de bouche, mastications parfois peu élégantes, cris, parfois même pleurs...

Cette atmosphère m'était insupportable, je détestais les regroupements de personne dans un endroit où la résonnance était si forte que chaque hurlement était une torture pour les oreilles.

C'était à cela que je songeais, alors que, assis sur un banc de bois peu confortable, autour d'une table ronde de fortune dont le pied était des palettes de bois empilés les unes sur les autres, je dégustais mon repas.

Aujourd'hui, il y avait quelque chose de spécial, une chose que tout le monde attendait impatiemment chaque jeudi de chaque semaine. Le jour de la viande.

Bon, disons plutôt une masse marron et souple qui ressemblait vaguement à de la viande. Enlevez-vous de l'esprit les beaux steaks saignants et grillés avec amour. Mais malgré tout, cela restait une source de fer et d'énergie que la plupart des gens aimaient.

Ma soeur, tout comme moi, appréciait ce moment, mais pas en silence. Depuis tout à l'heure, elle bavardait avec une fille brune aux yeux presque noirs, avec un nez en trompette peu esthétique, et qui, d'après ce que j'avais entendu, était aussi agaçante qu'idiote.

Voyez vous, je ne détestais pas toutes les filles. J'aimais beaucoup ma sœur, et puis certaines de ses amies étaient potables. Mais les filles avaient cette fâcheuse tendance à être hypocrites, un trait de caractère qui m'insupportait. Oh, je ne disais certainement pas que les garçons étaient meilleurs, ni que je n'avais aucun défaut, c'était même le contraire, mais... L'hypocrisie était une chose que je ne pouvais pas supporter.

Je mâchais pensivement la bouillie verdâtre accompagnée de la viande, lorsque mon attention se dirigea vers la Mission n°3. La Mission n°3, c'était cette fameuse sortie en extérieur proposée aux militaires en formation.

Apparement, il y avait plus de 100 candidats... La chance pour que je sois pris était environ de 50%, selon les calculs que j'avais effectués. Je m'explique : les recruteurs choisissent des jeunes en bonne condition physique et morale, à l'endurance excellente et à la vitesse très bonne.

Il y a aussi, bien sûr, les différents résultats des combats menés lors des jeux organisés tous les cinq mois, afin de potentiellement faire participer les recrues et adapter leur niveau. Et aussi pour se faire remarquer par une équipe.

Les équipes, elles étaient au nombre de cinq. C'était l'élite, et entrer dans l'une de ces organisations était un privilège. J'en avais toujours rêvé.

Mais je rêvais encore plus d'aller Dehors. Il fallait choisir. J'avais gagné plus de vingt-cinq combats, ce qui était plutôt correct en sachant que j'en avais fait trente-deux en tout. En comptant avec les jeux toutes les épreuves qu'organisaient mon maître instructeur, comptabilisées dans le dossier.

Je me battais correctement et je savais ce que je faisais, surtout. Quand je voyais certains garçons de ma classe se jeter sur leur adversaire comme un sac à patate, sans aucune stratégie, cela m'énervait. Ce n'était pas intelligent, et dénué d'intérêt. Mais j'avais aussi tendance à trop réfléchir, ce qui pouvait être une faiblesse, car cela me ralentissait au profit de mon adversaire X.

« Il faut trouver le parfait équilibre entre le cerveau et le corps ».

Ça, c'était la phrase que j'entendais depuis mes dix ans, l'âge où la véritable formation à devenir soldat des galeries commençait.

C'était totalement vrai. Certains n'étant pas très fort physiquement, ils utilisaient leur force, et inversement.

J'avais toujours beaucoup aimé cette phrase, elle me rappelait que les combats n'étaient pas que violence sur violence, mais un sport qui nécessitait de réfléchir.

Projet Earth (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant