Projet Earth (en réécriture)

Chapitre 14

Grog.

Bien sûr. C'était trop beau. Je l'avais complètement oublié.

Il avait l'air furieux. Contre moi. En revanche, pour ma sœur, il lui adressa un grand sourire torve qui me donna envie de vomir.

- Alors, Wings, je réitère ma question : que fiches-tu ici ? Tu viens accompagner ta grande soeur, c'est ça ?

Cela aurait peut-être pu paraître gentil s'il ne l'avait pas dit sur un ton aussi mesquin.

- Pour tout te dire, mon cher Grog, il se trouve que je viens aussi à la Mission n°3 !

Sur cette bombe, je vis le sourire immaculé de Grog se ternir en une grimace, un mélange entre une intense déception et aussi une furie noire.

- Tu... Tu participes à... La...

- Oui, à la Mission. Tu es un peu dur de la feuille. Remarquais-je d'un ton faussement amical.

Il fallait fonctionner ainsi, avec ce type : faussement amical, et frapper au moment où il s'y attendait le moins. Et ça, il ne s'y attendait pas. Pas du tout. Et c'était ce qui étais le plus satisfaisant.

Je vis Armelle cacher un sourire avec sa main, et descendre le reste des escaliers, suivie par moi. Je passais devant Grog, qui me fusilla du regard, venimeux.

Il était furieux, humilié. Et moi, j'étais heureux et très satisfait.

Mais, comme ici pour entamer ma bonne humeur, j'aperçus, à côté d'une jeune fille âgée d'environ dix-sept ou dix huit ans à la longue crinière blonde (qui devait être la dernière des quatre sélectionnés pour la Mission), le Soldat Flippant.

Je m'arrêtais brusquement, les images du chef Colberg martyrisé me revenant en mémoire.

Armelle dût se rendre compte de mon trouble, car elle recula pour me tapoter le bras. Puis je remarquais que le Soldat Flippant me fixait, de ses yeux sombres, plein de méfiance. Se doutait-il de quelque chose ?

« Reprends-toi ! » me hurla ma conscience. J'obéis en reprenant ma marche rythmique, en essayant de m'intéresser à autre chose pour détourner mon attention de Soldat Flippant.

Tiens, justement, il avait quatre sacs à ses pieds, et en portait un sur les épaules. Lui même portait déjà le sien, ainsi qu'un tee-shirt recouvert d'un gilet sans manches un peu étrange : en effet, il avait de grandes plaques sur l'avant et le dos du torse. Et se fermait solidement, visiblement.

Il portait aussi un pantalon de treillis et des bottes militaires classiques. Ainsi qu'un énorme fusil de chasse qui dépassait de son dos, tel un espadon mortel.

Une fois que Grog, ayant terminé de bouder, revient vers nous, Soldat Flippant, ses bras musclés croisés sur sa poitrine imposante, avec le même charisme dont il avait fait preuve dans la cantine, s'adressa à nous d'un ton sans appel :

- Bien, vous êtes tous là. Montrez-moi vos lettres... (Quatre mains fouillèrent dans leurs poches de jeans pour dénicher ladite lettre) Bien, parfait, madame Laiguette va vous donner vos uniformes. Mettez tout correctement, sinon vous allez crever dans les prochaines vingt-quatre heures. Exécution ! Et dépêchez-vous, on n'a pas toute la journée.

« ok, au moins ça, c'est clair...»

Dans un mouvement unanime, nous nous dirigeâmes vers madame Laiguette, apparue comme par magie devant son éternel bureau d'acajou caché par une vitre double vitrage.

- Suivez-moi. Ordonna-t-elle d'une voix sèche en réajustant ses lunettes rectangulaires sur son nez aquilin.

- A vos ordres... Souffla Grog, si bas que personne mis à part moi et Armelle ne l'entendîmes.