Trois jours.
Cela faisait trois jours que j'étais retenu ici. Dans une chambre en compagnie de Grog. Ô joie.
Dans un schéma classique, c'était normal. J'étais un garçon, il était un garçon, c'était sûr que je n'allais à pas me retrouver avec Chioné ou Brume.
Néanmoins, passé soixante douze heures de sa vie en compagnie de mon ex-ennemi devenu un nouvel "ami", c'était étrange.
Je levais distraitement les yeux vers le décor qui nous entourait, retenant un soupir d'agacement, ayant l'impression d'être un véritable lion en cage.
Nous étions dans une pièce carrée, fermée au moyen d'une lourde porte de métal. Nos lits étaient séparés de précisément deux mètres et dix centimètres. Je le savais, puisque je m'ennuyais tellement ici que j'avais compté.
Trois fois par jours, une personne dont j'oubliais bien vite l'existence venait ici pour nous apporter à manger.
A chaque fois, je demandais des nouvelles des filles, puisqu'à notre arrivée ici, nous avions été séparés.
Quand ça c'était produit, j'avais été de très mauvaise humeur, pour des raison plus qu'évidentes. J'étais séparé de ma grande sœur, ne pas voir Brume était une perspective très désagréable, et qui plus est, je n'avais donc pas entendu ce qu'elle avait à me dire.
Quelques jours plus tôt, je m'étais dit que c'était un grand pas en avant. J'allais comprendre le mystère Brume, enfin !
Mais évidemment, il avait fallu qu'Annabelle claironne que nous étions arrivés, après avoir traversé un dédale de rues envahies par les mauvaises herbes et les crevasses.
L'endroit où nous étions allés était un ancien immeuble désaffecté. D'après Annabelle, la moitié s'étant effondré au fil du temps, il n'en subsistait que quatre étages, où logeait plusieurs centaines de personnes. Autant que dans les galeries, en soit. Sauf qu'eux, ils voyaient le ciel.
Ce n'était pas le seul bâtiment a avoir été reconditionné en dortoir, il y en avait cinq je crois, dispersés aux quatre coins de la Ville.
Bien qu'Alban nous ait assuré avant de partir que nous ne risquions rien, être ici, prisonnier et nourri comme ce dernier, ce n'était pas ce que je qualifierais de rassurant.
L'autre chose que je ne qualifierais pas de rassurante, c'est le silence derrière la porte. Désarmant, on aurait dit que le type derrière la porte ne parlait jamais. Mais je savais qu'il était derrière, puisque parfois, je l'entendais marcher pour se dégourdir les jambes. Quel métier ingrat.
Et en plus, personne ne se souvenait de sa tête.
Malgré ça, je m'en fichais bien de sa tête, je voulais sortir d'ici et revoir les gens avec qui j'avais voyagé. Ce n'était pas la lune, non plus. Et arrêter d'être enfermé ici comme un criminel que je n'étais pas. Cela dit, cela m'avait permis de cogiter, et j'étais de plus en plus persuadé qu'Alban était impliqué dans un truc pas net.
On avait bien essayé de demander des informations, bien sûr, mais personne n'avait répondu. Le gars de la prison gardait systématiquement bouche close, malgré mes nombreux sarcasmes et les demandes plus ou moins agressives de Grog.
En même temps, vu la taille de ses muscles, il était clair qu'il ne fallait pas le provoquer.
Mais je m'inquiétais, vraiment beaucoup.
Déjà parce qu'Armelle était terriblement bavarde quand il ne le fallait pas, Chioné ne savait pas se taire, et que Brume avait des facultés particulières, que tout le monde s'interrogerait si elle les dévoilait par accident. Sous le coup de la peur ou de la colère, on se laissait facilement déstabiliser.
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Projet Earth (en réécriture)
Science FictionIl y a cinquante-cinq ans, des montres ont envahi la Terre. Les Chimères haïssent les Hommes, et tuent tout ce qu'elles croisent. Sur l'astéroïde 345Z2, une jeune fille, nommée Brume, a été élevée toute sa vie dans le but de sauver l'humanité, devo...